Alors que le nombre de réfugiés dans le monde ne cesse de battre des records, au Canada, le nombre de demandes d'asile est en chute libre. Rencontré en entrevue hier, le ministre fédéral de l'Immigration, Chris Alexander, s'en lave les mains.

« On ne peut pas reprocher au gouvernement d'avoir tel ou tel nombre de demandeurs d'asile, car nous n'établissons pas les objectifs à cet égard. Nous ne les recrutons pas, les gens font leur demande ou non », a dit le ministre conservateur lors d'une rencontre avec La Presse, en marge d'une conférence qu'il a prononcée à l'invitation du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Le Canada, qui accueillait quelque 40 000 réfugiés bon an, mal an au début de la dernière décennie, a reçu tout juste 10 380 demandes d'asile en 2013 et 13 450 l'an dernier. En comparaison, les pays scandinaves, qui ont une population équivalente à celle du Canada, ont reçu 106 230 demandes d'asile en 2014.

Les critiques accusent le Canada d'être devenu inaccessible pour les moins bien nantis de la planète. Une allégation que le ministre repousse en esquivant la question. « Nous ne sommes pas une forteresse. L'an dernier, nous avons émis 1,1 million de visas de visiteurs. Et 100 000 nouveaux étudiants étrangers sont arrivés », a dit Christopher Alexander, qui a aussi rappelé que le Canada a accueilli 260 000 nouveaux immigrants économiques en 2014.

Un exemple pour l'Europe?

Le ministre canadien s'enorgueillit aussi du fait que le Canada est l'un des rares pays à rétablir sur son territoire des réfugiés repêchés dans des camps des Nations unies à l'étranger. Cette année, dit le ministre, quelque 14 000 personnes arriveront au Canada de cette manière, soit le double de l'an dernier. Certains sont parrainés par le gouvernement, d'autres par des groupes de citoyens qui acceptent de prendre en charge financièrement des réfugiés.

Mondialement, le programme de rétablissement des réfugiés est modeste. L'an dernier, un peu plus de 100 000 réfugiés ont ainsi été relocalisés, soit une goutte d'eau dans l'océan des réfugiés et des déplacés, qui a atteint plus de 50 millions de personnes en 2014, selon les estimations des Nations unies. On s'attend à ce que ce nombre augmente cette année, l'Asie comme l'Europe faisant actuellement face à des crises migratoires sans précédent.

À ce sujet, le ministre Alexander se permet de faire la leçon à l'Union européenne en l'invitant à imiter le Canada, et ce, même si le Vieux Continent doit déjà gérer 42 fois plus de demandes d'asile que le Canada. « C'est à l'Europe de gérer cette crise [des migrants]. À l'Europe de se mobiliser pour ses besoins humanitaires, mais on les encourage à penser aux populations affectées dans la région. Si on pouvait rétablir plus de [réfugiés] à partir de la Turquie, du Liban, de la Jordanie, comme [le Canada] le fait, ça leur enlèvera le besoin de passer en Libye et d'avoir à utiliser des trafiquants à qui ils payent des sommes énormes tout en mettant leur vie en danger », a dit le ministre.