La première ministre ontarienne Kathleen Wynne juge que la réaction du gouvernement fédéral aux recommandations de la Commission vérité et réconciliation sur les pensionnats autochtones est «décevante».

La commission a publié cette semaine les grandes lignes de son rapport qui dresse un portrait accablant des établissements scolaires, qualifiant les événements de «génocide culturel». Les auteurs ont rédigé 94 recommandations pour entamer cette réconciliation.

Dans un discours livré samedi devant des partisans, Mme Wynne a souligné le travail de la commission, ajoutant qu'il n'y avait «aucune raison» pour le gouvernement «d'ignorer les abus» du passé.

«Nous ne pouvons pas parler honnêtement d'une société saine, harmonieuse et pluraliste sans régler ces injustices pour construire une nouvelle relation avec ces peuples dont les ancêtres étaient ici bien avant les nôtres», a-t-elle plaidé.

La première ministre ontarienne avait déjà reproché gouvernement Harper de ne pas avoir lancé une commission d'enquête publique sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Elle avait aussi tenté en janvier dernier de sensibiliser M. Harper à l'enjeu de la qualité de l'eau potable des Premières Nations.

À la Chambre des communes, cette semaine, le premier ministre Stephen Harper a refusé de décrire les pensionnats autochtones comme une politique de «génocide culturel», utilisant plutôt l'expression «assimilation forcée».

M. Harper a en outre indiqué que son gouvernement avait déjà mis en place plusieurs mesures en faveur des autochtones depuis qu'il avait présenté ses excuses historiques au nom du Canada, il y a sept ans.

Personne au gouvernement Harper n'a rappelé La Presse Canadienne pour commenter les propos de Mme Wynne.

Kathleen Wynne a formulé ces commentaires à l'Assemblée générale annuelle du Parti libéral de l'Ontario. Une fin de semaine sans heurts pour la première ministre, qui a reçu la confiance de plus de 95 pour cent des délégués.

Elle n'a pas été non plus embêtée par les manifestations des professeurs, qui ont été moins nombreux que prévu. Alors que les organisateurs avaient indiqué que 1500 manifestants se présenteraient, ils n'étaient que quelques centaines.

La relation entre les libéraux et les professeurs est des plus tendues alors que les syndicats accusent le gouvernement de leur demander trop de concessions sans vraiment négocier. Le mois dernier, le gouvernement de Mme Wynne a imposé une loi forçant les enseignants de trois conseils scolaires à mettre un terme à leur grève.

Mme Wynne a par ailleurs promis de prêter main-forte au Parti libéral du Canada en vue du prochain scrutin fédéral, à l'automne.