Des leaders aborigènes d'Australie - qui sont en Alberta cette semaine - ont un avertissement pour les Premières Nations du Canada qui célèbrent le dévoilement du rapport de la Commission vérité et réconciliation.

N'espérez pas trop, a déclaré le leader des peuples Wagan et Jagalingou, Adrian Burragubba.

L'Australie a tenu sa propre commission dans les années 1990 sur le déracinement des enfants aborigènes, envoyés contre leur gré dans des écoles gérées par l'État.

Le processus a mené à un rapport massif et une journée nationale, le «Jour des excuses», qui est tenu tous les ans depuis 1998.

En 2008, celui qui était alors premier ministre, Kevin Rudd, s'est excusé au nom du gouvernement.

Et c'est à peu près tout, a déploré M. Adrian Burragubba.

«Cela ne nous a pas aidés. Cela ne nous a rien apporté.»

L'homme est en Alberta en tant que participant à une tournée internationale visant à sensibiliser les gens au combat de son peuple contre une mine de charbon qui sera implantée sur leurs terres.

Il a dit que le rapport «De retour à la maison» en Australie avait fait les manchettes quelques jours, puis avait disparu de l'écran.

«C'est essentiellement quelque chose qui fait du bien, puis les gens passent à autre chose. La population a cette idée générale que notre culture doit être protégée, mais personne ne veut nous aider à nous sortir de la pauvreté», a ajouté M. Burragubba.

Si les Canadiens veulent voir des gestes concrets après le rapport de la Commission vérité et réconciliation, ils vont devoir faire pression, a dit Murrawah Johnson, qui fait partie de la délégation australienne.

«C'est en lien avec la conscience sociale et le pouvoir d'inciter à l'action. Il faut rendre les gens inconfortables pour qu'ils apportent des changements».

Comme au Canada, le rapport australien a analysé comment les enfants aborigènes ont été arrachés à leurs parents par le gouvernement, les services sociaux et les autorités ecclésiastiques, et placés dans des institutions ou avec des familles d'accueil non aborigènes.

La pratique a perduré du milieu des années 1800 jusque dans les années 1970. Entre un enfant aborigène sur trois et un sur 10 ont été enlevés à leurs familles, selon le rapport.

Mais M. Burragubba dit que les Aborigènes doivent encore se battre pour que leurs droits sur leurs terres soient reconnus. Et que seulement un État australien a mis en oeuvre un programme de compensation pour ceux qui ont souffert.

Les deux hommes vont aussi se rendre à New York, à Zurich et à Londres pour tenter de dissuader les banquiers derrière la mine de charbon Carmichael de 280 kilomètres carrés de financer le projet, qui est la propriété du conglomérat indien Adani.