Ottawa envoie un signal négatif aux jeunes Français en resserrant les critères d'entrée pour les stages en sol canadien, dénonce un représentant de Paris, qui demande l'ouverture de négociations bilatérales entre les deux pays.

«Le message qui est perçu aujourd'hui par la jeunesse française, c'est qu'on lui complique la vie quand elle veut venir au Canada», a résumé en entrevue téléphonique Frédéric Lefebvre, député des Français à l'étranger.

«Je reçois beaucoup de courriels de jeunes qui disent: «On n'est plus bienvenus au Canada'. Il y a ce sentiment que le Canada est en train de se fermer», a-t-il ajouté lors de cet entretien avec La Presse Canadienne, vendredi.

M. Lefebvre appelle donc à l'ouverture d'une négociation bilatérale. «Je sais que le gouvernement français veut engager des discussions avec le Canada là-dessus, parce que tout le monde est inquiet», assure-t-il.

Cet appel au dialogue survient dans la foulée des changements apportés au Programme de mobilité internationale (PMI) le 21 février dernier.

Le gouvernement fédéral, qui souhaite dorénavant accorder la priorité aux Canadiens à la recherche d'un stage ou d'un emploi, oblige maintenant les employeurs du pays à payer des frais de 230 $ par stagiaire étranger. Chaque stagiaire doit aussi désormais débourser 100 $ pour avoir accès au PMI.

Selon M. Lefebvre, ces nouvelles dispositions préoccupent les entreprises qui veulent offrir à de jeunes Français la chance d'acquérir une expérience de travail au Canada et l'occasion de partager leur expertise dans des secteurs où celle-ci est reconnue, comme la gastronomie ou l'ingénierie.

Il accuse Ottawa d'envoyer des signaux contradictoires en imposant ces contraintes tout en vantant l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.

Ce durcissement du fédéral s'ajoute à un autre recadrage - du gouvernement québécois, celui-là - avec lequel devront composer les jeunes de la France: l'augmentation, à compter de septembre, des frais de scolarité pour les étudiants de l'Hexagone qui fréquenteront les universités du Québec.

Cette «accumulation de mesures pénalisantes ne pourra qu'être vécue comme une forme de défiance» par les jeunes Français, prévient Frédéric Lefebvre.

Québec partage les préoccupations du député chargé de défendre les intérêts des citoyens français au Canada et aux États-Unis.

Les ministres Kathleen Weil et Christine Saint-Pierre, respectivement à l'Immigration et aux Relations internationales, ont écrit le 26 mars dernier au ministre fédéral de l'Immigration, Chris Alexander, pour lui demander des explications.

Les attachés de presse des deux ministres québécoises ont indiqué vendredi que celles-ci n'avaient toujours pas eu de réponse de la part de M. Alexander.

L'attaché de presse du ministre Alexander, Kevin Ménard, a pour sa part réagi en affirmant, dans un courriel, que «nous sommes toujours prêts à discuter avec nos amis français dans l'ensemble des enjeux bilatéraux».

«Cependant, nous avons fait des réformes, annoncées il y a neuf mois déjà, pour nous assurer que les Québécois sont les premiers considérés pour les emplois et stages disponibles au Québec, et ce principe primordial ne changera pas» a-t-il poursuivi.

L'ambassade du Canada en France a tenté de rassurer François Lefebvre en écrivant jeudi sur Twitter qu'«en 2015, le nombre de visas de stages reste inchangé et identique à 2014: 4800», ce à quoi le député a répondu que «les entreprises canadiennes devront démontrer qu'elles n'ont pas de Canadien avant de prendre 1 stagiaire français».