L'érection du monument aux victimes du communisme sur un terrain qui jouxte la Cour suprême du Canada porterait ombrage à ce que l'institution représente, estiment plusieurs ex-présidents de l'Association du barreau canadien (ABC).

Les 17 anciens dirigeants expliquent, dans une lettre ouverte publiée jeudi dans le Globe and Mail, que les citoyens qui gravissent les marches de l'auguste bâtiment ne devraient pas avoir à le faire «à l'ombre d'un monument porteur d'un message imposé par l'État».

L'un d'entre eux, Simon Potter, a précisé qu'il était primordial de préserver l'indépendance - et l'apparence d'indépendance - du plus haut tribunal du pays.

«Cela exclut, à notre sens, le positionnement d'un grand message essentiellement politique sur le perron de la Cour suprême. Le choix du site est lamentable», a-t-il résumé en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«Vous savez, au Canada, on a le droit d'être communiste si on veut. C'est consacré dans la Charte. Et on a le droit d'aller à la Cour et penser qu'on va recevoir une justice impartiale», a poursuivi celui qui était à la tête de l'ABC de 2002 à 2003.

Les signataires de la missive ajoutent donc leur voix au concert de critiques entourant le choix du terrain, qui devrait selon plusieurs être réservé à la construction de la Cour fédérale.

Parmi les opposants au projet figurent notamment le maire d'Ottawa, la juge en chef de la Cour suprême, des députés du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Parti libéral ainsi que l'Institut royal d'architecture du Canada (IRAC).

Mais au gouvernement, la décision semble finale. Le ministre responsable de la Commission de la capitale nationale (CCN), Pierre Poilievre, a exclu à de nombreuses reprises la possibilité de relocaliser le monument.

Selon lui, personne ne veut d'un autre «édifice parlementaire ennuyant au centre-ville d'Ottawa».

L'inauguration des «éléments majeurs» du monument, qui doit être bâti au coût de 5,5 millions $, est prévue à l'automne 2015, selon le même ministère.

Le groupe Tribute to Liberty, qui a été chargé de la réalisation du projet, est composé de membres qui sont donateurs du Parti conservateur, a souligné Le Devoir en février.

Selon le quotidien, quatre d'entre eux, dont le président Ludwik Klimkowski, ont ensemble donné plus de 4000 $ au parti de Stephen Harper.