Après plusieurs années de critiques, le gouvernement Harper a ratifié un traité international pour interdire les bombes à sous-munitions.

Le Canada a signé en 2008 la Convention sur les armes à sous-munitions, mais tardait à la ratifier devant des plaintes qui fusaient de partout dans le monde, même du Comité international de la Croix-Rouge, un organisme habituellement neutre.

Cette opposition découlait d'un vide dans la convention qui permettrait aux Forces armées canadiennes d'être impliquées dans l'utilisation de bombes à sous-munitions dans des opérations conjointes avec les États-Unis, qui n'a pas ratifié l'accord.

Les conservateurs ont éventuellement accepté de retirer un seul mot - «utiliser» -, de sorte que le texte interdit clairement au personnel militaire canadien d'utiliser directement ces armes, mais n'exclut pas leur participation indirecte dans des opérations conjointes.

Le directeur général de Mines Action Canada, Paul Hannon, a affirmé que de grandes inquiétudes demeuraient, bien que les forces canadiennes aient exclu l'utilisation de cette arme considérée comme cruelle.

Une seule de ces bombes contient des centaines de sous-munitions de la grosseur d'une balle de baseball qui, souvent, n'explosent pas et restent inactives pendant des décennies, présentant donc un risque constant pour les civils et les enfants dans des dizaines de pays en après-guerre.

L'an dernier, se pliant à des exigences du traité, les Forces armées canadiennes ont détruit leur arsenal qui, selon Ottawa, n'a jamais été utilisé.

Les bombes à sous-munitions datent de la Deuxième Guerre mondiale, mais c'est dans les années 1960 qu'elles ont été plus largement utilisées, lorsque les États-Unis ont bombardé le Vietnam, le Cambodge et le Laos. Les États-Unis et leurs alliés les ont aussi utilisées en Irak et en Afghanistan, et elles ont plus récemment refait surface en Syrie, en Ukraine et en Libye.

M. Hannon de Mines Action Canada affirme que bien que le projet de loi qui ratifie la convention internationale contienne encore «de nombreux vides», il demeure clair sur le fait que les Canadiens n'utiliseront jamais ces bombes.

Le Canada justifiait la possession de cet arsenal par les enjeux plus généraux entourant le besoin de rester interopérable avec son principal allié militaire, les États-Unis.

Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Rob Nicholson, a admis que les bombes à sous-munitions avaient eu un effet «dévastateur» sur les civils et a annoncé que le Canada consacrerait 2,4 millions $ supplémentaires au déminage et à l'éducation.

D'après M. Hannon, la contribution du Canada aux efforts de déminage a diminué en comparaison avec les années 1990 alors qu'une campagne internationale de déminage était en cours. Le montant devrait être d'au moins 35 millions $ par année, pense M. Hannon.