Les peuples autochtones au Canada sont confrontés à des «violations systématiques de leurs droits», dénonce Amnistie internationale (AI) dans son plus récent rapport annuel dévoilé mercredi.

À se sujet, l'organisme international relève notamment l'inaction du gouvernement fédéral après des demandes répétées pour que soit tenue une enquête publique sur le meurtre d'au moins 1017 femmes et filles autochtones entre 1980 et 2012. Un taux qui est quatre fois et demie supérieur à celui du reste de la population féminine du pays.

Ce n'est pas la première fois que le Canada se fait montrer du doigt par AI pour le traitement subi par les Autochtones, ayant été écorché dans plusieurs autres rapports.

AI a aussi fait écho aux conclusions du rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Celui-ci a déclaré cette année que la situation des Premières Nations du Canada est devenue dramatique à de nombreux égards, notamment en lien avec leurs conditions de vie déplorables et de la très forte proportion d'Autochtones en prison.

Un point positif a néanmoins été relevé: le gouvernement a rejeté un projet d'exploitation minière sur le territoire ancestral des Tsilhqot'in en Colombie-Britannique, après qu'une étude environnementale eut fait ressortir que ce projet leur causerait des dommages irréversibles.

Par contre, Ottawa a donné priorité à l'exploitation des ressources naturelles sur les droits des peuples autochtones dans une série d'autres projets d'envergure, dont celui de l'oléoduc Northern Gateway destiné au transport des sables bitumineux de l'Alberta.

Le Canada ne se préoccuperait pas non plus suffisamment des populations autochtones dans d'autres pays, selon AI.

Entre autres, l'Accord de libre-échange Canada-Colombie fait abstraction d'importantes préoccupations rattachées aux droits de la personne des populations indigènes en Colombie, note le rapport.

Par ailleurs, AI déplore que le Canada n'ait toujours pas ratifié le Traité sur le commerce des armes ni le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture.

Situation internationale

La communauté internationale a offert une réponse molle et inopérante aux conflits et aux violations commises par des États et des groupes armés comme le groupe État islamique (EI), a aussi dénoncé Amnistie internationale (AI) dans son plus récent rapport annuel.

L'organisme international déplore notamment que les gouvernements se lavent les mains de ce qui arrive aux civils en répétant que leur protection «n'est pas de leur ressort».

Les attaques barbares dans des pays comme l'Irak et la Syrie ont augmenté, tout comme la répression subie par les populations civiles, est-il constaté par AI qui juge que la communauté internationale s'est montrée «absente».

Selon l'organisme, les Nations unies ont été incapables de résoudre des crises qui ont déchiré Gaza, l'Irak, Israël, la Syrie et l'Ukraine «pour des raisons de défense d'intérêts particuliers ou d'opportunisme politique».

Ainsi, pour que cesse les exactions contre les civils, elle enjoint notamment les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies à renoncer à leur droit de veto, en cas de génocide ou d'autres atrocités de masse.

Un tel changement donnerait une bien plus grande marge de manoeuvre aux Nations unies, qui pourraient notamment lancer des interventions militaires, souligne AI.