Le nouveau ministre de la Défense, Jason Kenney, a profité de son premier discours devant l'élite militaire du pays pour vanter le projet de loi du gouvernement sur la lutte contre le terrorisme tout en prévenant contre de possibles nouvelles attaques terroristes locales.

Il a dit aux membres de la Conférence des associations de la défense, jeudi, que le gouvernement s'était engagé dans une lutte idéologique à long terme contre l'islam radical.

«Nous n'avons qu'à regarder à Copenhague, à Paris, à Bruxelles et à Sydney», a-t-il déclaré.

«Nous n'avons qu'à considérer le Toronto 18, les procès en cours à Vancouver pour les complots d'attentat au parlement de la Colombie-Britannique et à Toronto contre Via Rail pour savoir qu'il y a une forte probabilité de futures attaques djihadistes de l'intérieur.»

M. Kenney, qui a pris a relève de Rob Nicholson à la Défense plus tôt ce mois-ci, a affirmé que l'idée que les nations et le style de gouvernement de l'Occident n'allaient jamais être visés était malavisée.

«Certains Canadiens peuvent être pardonnés de céder à ce fantasme», a-t-il dit.

L'éloignement géographique du Canada, sa prospérité et son pluralisme «ont donné au Canadiens des raisons de croire que nous pouvons éviter de réelles menaces dans notre dominion pacifique», a-t-il poursuivi. «Et pourtant, nous faisons face à un mouvement international qui défie littéralement la raison», a-t-il fait valoir.

Il a ajouté que le pays ne devait pas exagérer la menace d'extrémisme inspiré du groupe armé État islamique, pas plus qu'il ne devait la sous-estimer.

Le projet de loi C-51 pour la lutte contre le terrorisme, qui augmenterait les pouvoirs des agences de sécurité, notamment le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), est débattu depuis le début de cette semaine à la Chambre des communes. Il s'agit de la réponse du gouvernement canadien à l'attaque d'octobre au parlement et au meurtre de deux soldats et vise à éradiquer le radicalisme local.

Les inquiétudes des détracteurs de ce projet de loi sont exagérées, croit le ministre. «Nous prenons toutes ces mesures tout en respectant les droits des Canadiens.»

Les néo-démocrates s'opposent au projet de loi C-51. Les libéraux ont indiqué qu'ils allaient l'appuyer, tout en ajoutant qu'ils y apporteraient certaines modifications s'ils étaient élus aux prochaines élections.

L'une des principales critiques au projet de loi est qu'il manque de surveillance sur les services de renseignement, pour prévenir les abus.

Après le discours, quelqu'un a demandé à M. Kenney pourquoi il croyait que les attaques pourraient augmenter même après l'adoption du projet de loi C-51.

«La menace va évoluer, a-t-il dit. Nous devons être flexible pour répondre aux besoins de notre police et de nos agences de sécurité pour contrer la menace.»

Le discours a également laissé peu de doute sur le fait que le gouvernement Harper allait prolonger la mission de combat en Irak contre le groupe armé État islamique lorsque la mission actuelle se terminera, à la fin du mois. M. Kenney a indiqué que le cabinet évaluerait bientôt des propositions pour la mission, et tâcherait de répondre à la question de la nécessité de retourner à la Chambre des communes pour obtenir une nouvelle approbation sur la mission.

Une usine d'explosifs de l'EI détruite

L'armée a indiqué jeudi que des avions de combat canadiens CF-18 avaient mené une seule attaque en Irak la semaine dernière dans le cadre de la coalition internationale, ce qui a permis de détruire une usine fabriquant des engins explosifs.

Le capitaine Paul Forget, du Commandement des opérations interarmées du Canada, a affirmé que la frappe aérienne réalisée vendredi dernier avait été un succès.

Il a soutenu que les raids de la coalition et les opérations terrestres irakiennes continuaient de détériorer les capacités du groupe extrémiste État islamique.

Depuis le début de l'intervention canadienne l'automne dernier, les CF-18 ont fait 328 sorties.

Un avion ravitailleur canadien Polaris s'est envolé à 82 reprises et a livré plus de deux millions de kilos de combustible aux appareils de la coalition.

M. Forget a indiqué qu'en ajoutant les 91 sorties des avions de reconnaissance Aurora, le nombre total d'interventions canadiennes s'élevait à 501.

Également jeudi, le gouvernement fédéral a finalement dévoilé plus d'information sur les coûts de l'intervention canadienne contre le groupe État islamique.

La Défense nationale, par l'entremise des budgets supplémentaires des dépenses 2014-2015 déposés à la Chambre des communes, demande une somme estimée à 139,6 millions $ pour des opérations militaires, y compris environ 122 millions $ pour l'opération militaire en Irak. Il s'agit de coûts additionnels pour l'exercice financier 2014-2015, qui prend fin le 31 mars.

Une somme additionnelle de 17 millions $ est réclamée pour les dépenses reliées à l'implication canadienne dans la mission de l'OTAN en Europe de l'Est, mise en branle dans la foulée de l'annexion de la Crimée par la Russie.

Les conservateurs ont été pris à partie pour leur refus de dévoiler les coûts du déploiement des CF-18 et des conseilleurs spéciaux en Irak.

La requête additionnelle budgétaire présentée jeudi montre que la seule campagne de frappes aériennes compte pour 73 millions $ des coûts de l'intervention en Irak.

Le ministre de la Défense, Jason Kenney, a prévenu plus tôt cette semaine que les coûts augmenteraient si le gouvernement décidait de prolonger la mission - ce qui semble probable selon les plus récents indices des intentions d'Ottawa.