L'association qui représente les chefs autochtones de l'Ontario demande à Ottawa de retarder le processus d'approbation du pipeline Énergie Est, estimant que les communautés des Premières Nations ne sont pas suffisamment consultées.

L'association Chiefs of Ontario met en garde le gouvernement fédéral contre un trop grand empressement et contre les risques de litiges qui pourraient découler d'un processus d'approbation bâclé, dans une lettre envoyée cette semaine au ministre des Ressources naturelles, Greg Rickford, et dont La Presse a obtenu copie.

« Le processus de l'Office national de l'énergie est fondamentalement vicié et manque au respect des obligations légales du gouvernement envers les Premières Nations. Ces problèmes se traduiront par des litiges continus, des retards dans les projets et des coûts considérables tant pour les Premières Nations que pour les partisans [du projet] », a prévenu le chef régional de l'Ontario, Stan Beardy.

Le pipeline de la société TransCanada acheminerait du pétrole de l'Alberta jusqu'au Nouveau-Brunswick. Chargée d'évaluer le projet, l'Office national de l'énergie (ONE) a commencé mardi la phase d'inscription pour ceux qui souhaitent prendre part aux audiences.

Des demandes ignorées

Les chefs de l'Ontario reprochent à l'ONE de faire fi de leurs demandes répétées visant à organiser des réunions d'information. Ils affirment aussi que l'évaluation de l'Office ne suffit pas à décharger Ottawa de son obligation constitutionnelle de consultation des Premières Nations pour la planification de projets de cette envergure.

Des chefs du Québec ont formulé des préoccupations semblables et doivent se réunir au cours des prochaines semaines pour arrêter leur stratégie. En entrevue à La Presse, ils ont dénoncé l'évaluation environnementale inadéquate, la délégation de l'obligation de consulter au secteur privé et les risques d'empiétement sur les territoires traditionnels de différentes communautés.

L'ONE n'a pas rappelé La Presse.

Le bureau du ministre Rickford a affirmé que des mesures avaient été prises pour faciliter la participation des communautés des Premières Nations et du public en général, en améliorant le financement accordé aux participants, notamment.

« Notre gouvernement ne prend des décisions sur des projets d'infrastructures qu'une fois qu'une évaluation complète, indépendante et basée sur des faits scientifiques a été menée », a déclaré Chris McCluskey, porte-parole du ministre.

Mais c'est nettement insuffisant, estime Greenpeace Canada. « Le fédéral est tellement pressé d'approuver ces projets de pipelines bitumineux qu'il va jusqu'à bafouer un principe aussi fondamental que celui d'obtenir le consentement libre, préalable et éclairé des Premières Nations. Cette arrogance du fédéral ne fera qu'enflammer l'opposition et débouchera sur des recours juridiques que perdront le fédéral et les pétrolières », a tranché Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de l'organisme.