Le gouvernement Couillard devrait poser des gestes rapidement pour contrer le terrorisme, le problème le plus inquiétant pour la population dans l'immédiat, estime Gérard Bouchard.

«C'est important que le gouvernement agisse maintenant. Pour rassurer la population, elle est inquiète et a de bonnes raisons de l'être. Il y a un motif d'inquiétude légitime», a souligné en fin de journée hier M. Bouchard. Coprésident de la Commission sur les accommodements raisonnables, l'universitaire de Chicoutimi témoignait avec son collègue Charles Taylor dans le cadre de la consultation sur la future politique québécoise d'immigration et d'inclusion.

Mais l'universitaire avoue ne pas savoir quels gestes pourraient poser le gouvernement québécois. «Il faut lutter contre le terrorisme, quelles que soient les causes. C'est compliqué ce qu'il faut faire au Québec», convient-il, ironisant sur l'idée de l'ex-président Nicolas Sarkozy d'envoyer les terroristes dans des centres de «déradicalisation». «C'est stupide», laisse-t-il tomber.

Ultimement, contrer le terrorisme suppose plus de surveillance policière, «c'est pas évident, on ne va pas se mettre à surveiller les écoles, les églises, les Cages aux sports? On va se donner des taupes dans les écoles secondaires? dans les mosquées il doit y en avoir déjà, je crois que la GRC a dû s'occuper de ça», laisse-t-il tomber.

«En bout de ligne il faut que cela se traduise par des actions policières. Le danger est qu'on ne s'embarrasse pas avec les dispositions de la Charte et qu'on gratte assez large», prévient M. Bouchard. Les risques de dérapages sont grands, la tentation de réduire l'entrée de nouveaux arrivants sera présente, surtout pour les musulmans. Or, «les musulmans qu'on connaît sont comme vous et moi. Ils veulent gagner leur vie et élever leurs enfants. Si on fait ça, on va leur donner des raisons de se radicaliser», observe M. Bouchard.