La mission des militaires canadiens postés en Irak a évolué depuis octobre et ils offrent maintenant un soutien plus actif aux forces irakiennes en situation de combat, a reconnu hier le chef d'état-major de la Défense, le général Tom Lawson.

Il s'agit d'une volte-face du haut dirigeant des Forces armées canadiennes. Elle survient quelques jours après que d'autres hauts officiers eurent convenu que le Canada prenait part à l'identification des cibles au sol pour des frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis. Ils ont aussi révélé que des membres des forces spéciales avaient répliqué à des tirs ennemis lorsqu'ils se sont rendus au front dans le cadre d'un exercice de formation.

Pourtant, en réponse à la question d'un journaliste de CTV le 19 octobre, le général Lawson avait affirmé que le mandat d'«assistance et de conseils» des forces irakiennes donné aux quelque 70 membres des forces spéciales postés en Irak depuis septembre ne comprenait pas l'identification de cibles pour des frappes aériennes.

«Je comprends qu'il peut y avoir certaines questions au sujet de mes commentaires du 19 octobre sur la nature des activités menées par les Forces d'opérations spéciales [FOS] du Canada en Irak», a déclaré le général Lawson dans un communiqué de presse, hier matin.

«En bref, la situation au sol a évolué depuis que j'ai formulé ces commentaires, et nous avons augmenté notre soutien relativement aux frappes aériennes proportionnellement à l'augmentation de la menace par les Forces de sécurité irakiennes [FSI]», a-t-il ajouté.

«Pas en mission de combat terrestre»

«Nous ne sommes pas en mission de combat terrestre, mais nous offrons du soutien aux forces en combat. Les activités des FOS en Irak décrites par les généraux Vance et Rouleau le 19 janvier sont parfaitement conformes au mandat de fournir des conseils et de l'aide attribué aux Forces canadiennes par le gouvernement», a Tom Lawson.

Les partis d'opposition à Ottawa accusent le gouvernement et le premier ministre Stephen Harper d'avoir induit la population en erreur lorsqu'ils ont affirmé en septembre que ces 70 militaires ne participeraient pas à une mission de combat. «Les soldats canadiens n'accompagneront pas les forces irakiennes au combat», avait notamment martelé le premier ministre.

Le gouvernement Harper avait d'ailleurs refusé la tenue d'un vote sur ce volet de la mission, disant qu'il ne s'agissait pas d'une mission de combat. Ce n'est que plus tard, en octobre, qu'un vote s'est déroulé à la Chambre des communes pour autoriser l'envoi d'avions qui prendraient part à des frappes aériennes de la coalition internationale contre l'EI.

De passage à Londres pour une réunion ministérielle sur les efforts de la coalition pour combattre l'EI, le ministre de la Défense Rob Nicholson a affirmé hier que les activités des militaires canadiens sont tout à fait conformes à leur mandat.

«Nous n'avons pas mis de limites quant à leur habilitation à conseiller et assister les Irakiens. Les forces spéciales sont là pour fournir des conseils et de l'aide, et c'est exactement ce qu'elles ont fait».

Les Forces armées canadiennes affirment que les membres des forces spéciales ont contribué à identifier des cibles pour des frappes aériennes à environ 13 reprises depuis la fin du mois de novembre.

Le ministre Nicholson s'est défendu d'avoir induit les Canadiens en erreur, même si cette participation au sol à des activités de combat n'a été dévoilée publiquement que cette semaine, et ce, même si de nombreuses séances d'informations ont eu lieu au sujet de la mission depuis octobre.