L'Association canadienne de santé publique demande au gouvernement de traiter l'industrie du sexe comme une entreprise et d'imposer des règles visant à assurer la sécurité des prostituées.

Dans un rapport rendu public vendredi, l'Association indique que le «plus vieux métier du monde» devrait être assujetti aux règles actuelles de santé et de sécurité au travail.

Selon elle, il serait ainsi plus facile de s'attaquer aux causes directes de la prostitution, comme la pauvreté et l'itinérance.

L'Association écrit qu'«une démarche de santé publique fondée sur la réduction des méfaits et tenant compte des déterminants sociaux de la santé pourrait fournir les outils nécessaires pour aborder les facteurs sous-jacents qui donnent lieu à la participation au commerce du sexe et à la vulnérabilité à la traite des êtres humains et à la violence».

Le rapport est publié dans la foulée de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi controversée du Canada sur la prostitution, la semaine dernière, remplaçant une loi qui enfreignait les droits à la sécurité des prostituées, selon la Cour suprême.

Plus de 60 groupes à travers le pays ont demandé la révocation de la loi, qui criminalise l'achat de services sexuels, en plus de la publicité et certaines formes de sollicitation.

La Chambre des communes et le Sénat ont tenu des audiences publiques sur le projet de loi plus tôt cette année, et ont entendu les témoignages souvent plein d'émotions de plus de 100 intervenants au total.

Le gouvernement a également annoncé un investissement de 20 millions de dollars sur cinq ans afin d'aider les prostituées à abandonner le travail du sexe. L'Association demande l'élaboration de «programmes utiles, dotés de ressources adéquates» pour aider les prostituées à s'en sortir.

Le rapport paru vendredi estime que les démarches législatives portant sur le travail du sexe «n'abordent pas les causes fondamentales ni les voies qui conduisent de nombreuses personnes dans l'industrie du sexe; elles n'abordent pas non plus les préoccupations liées à la santé et à la sécurité des travailleuses et travailleurs du sexe».

Le rapport appelle à «une démarche de santé publique à l'égard du travail du sexe au Canada fondée sur les principes de justice sociale, d'attention aux droits de la personne et d'équité, sur des politiques et des pratiques éclairées par des données probantes et sur la prise en compte des déterminants de la santé sous-jacents».

Selon l'association, une telle approche «mettra la promotion de la santé, la protection de la santé, la surveillance de la santé des populations et la prévention des décès, des maladies, des traumatismes et des invalidités au coeur de toutes les initiatives connexes».