Le report de la décision sur la construction de l'oléoduc Keystone XL envoie un mauvais signal aux investisseurs et freine la croissance de l'industrie des sables bitumineux au Canada, a déploré le gouverneur républicain Chris Christie, qui était de passage à Calgary jeudi.

M. Christie a regretté que Washington traite mal un de ses alliés, le Canada, en tardant de donner sa sanction, ou non, au projet de Transcanada, qui doit acheminer le pétrole de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas.

«Keystone a langui, langui beaucoup trop longtemps. Et je crois que cela lance un mauvais signal», s'est désolé le gouverneur, devant les membres de la Chambre de commerce de Calgary.

«Premièrement, les investisseurs ne voudront plus s'impliquer dans de tels projets importants, à grande échelle, pour que l'énergie puisse se rendre aux consommateurs (...) Et ça retarde la production, et risque de retarder la croissance. Ce n'est pas une bonne façon de traiter un ami», a-t-il ajouté.

«Il faut que ce soit approuvé», a-t-il tranché, devant les journalistes.

Par ailleurs, le premier ministre de l'Alberta et le gouverneur ont tous les deux affirmé que le prix du pétrole ne devrait pas déterminer l'issue du débat sur la construction de l'oléoduc.

Jim Prentice a précisé que la chute du prix du pétrole ne diminuait pas l'importance du projet d'oléoduc pour stimuler la production d'énergie en Amérique du Nord.

Le gouverneur Christie a ajouté que de telles décisions importantes ne devraient pas être prises en fonction des prix qui varient constamment.

Le prix du baril de pétrole est passé sous la barre des 70 $ US depuis que les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont décidé la semaine dernière de ne pas diminuer leur production.

L'enjeu de l'oléoduc canadien reviendra dans l'actualité probablement en janvier, lorsque les républicains prendront le contrôle des deux chambres. La décision finale sera vraisemblablement prise par le président Barack Obama, puisque aucune loi ne peut être mise en place sans sa signature.

M. Christie considère d'ailleurs que les Américains ne valorisent pas assez leur relation avec le Canada.

Il a fait valoir que la politique étrangère des États-Unis devrait être d'abord axée sur ses voisins immédiats.

«J'ai eu l'impression, en regardant la politique extérieure des États-Unis, que le Canada a toujours été de second plan (...) Nous ne portons pas assez attention à cette relation en tant qu'Américains. Ma décision de venir au Canada et en Alberta a été mûrement réfléchie, parce que nous devons traiter nos amis avec respect et attention», a-t-il plaidé, en conférence conjointe avec M. Prentice, à la suite d'une rencontre.

«De toute évidence, le gouverneur vient ici en tant qu'ami du Canada et de l'Alberta. Nous partageons beaucoup de choses, beaucoup de valeurs», a remarqué le premier ministre Prentice.

Vendredi, M. Christie se rendra à Ottawa pour discuter avec le premier ministre Stephen Harper.

M. Christie, qui est pressenti pour être candidat du Parti républicain lors de l'élection présidentielle de 2016 aux États-Unis, a assuré qu'il était en visite en tant que gouverneur seulement.

«Je ne prendrai pas de décision avant tard en 2015 (...)Et si je décide de me présenter, je crois que je devrai probablement l'annoncer aux États-Unis», a-t-il lancé, devant son public qui s'esclaffait.

Il s'agit du deuxième voyage à l'étranger depuis les derniers mois pour M. Christie. Il avait auparavant visité le Mexique.

M. Christie n'est pas reparti les mains vides de l'Alberta. Le fier partisan des Rangers de New York a reçu un chandail des Flames de Calgary, avec l'inscription de son nom à l'arrière.

Il n'est pas le premier candidat potentiel à la présidence américaine à visiter Calgary cette année; Hillary Clinton, qui figure parmi les possibles candidats à l'investiture du Parti démocrate, s'y est rendue en mars.