Le Commissariat aux langues officielles exhorte Ottawa à agir sans plus tarder pour pallier le déséquilibre migratoire dont les communautés francophones en situation minoritaire font les frais.

Le gouvernement fédéral ne devrait pas seulement établir des priorités dans la sélection des candidats en fonction de considérations économiques, mais aussi en tenant compte de la force vive que représente l'immigration francophone en situation minoritaire, soutient-on dans un rapport déposé mardi.

Car il existe actuellement un déséquilibre migratoire au chapitre de la langue parlée par les nouveaux arrivants qui débarquent au Canada, selon le commissaire Graham Fraser, qui a élaboré le document avec son homologue de l'Ontario, François Boileau.

«J'ai pensé que c'était urgent de faire des recommandations au gouvernement», a soutenu M. Fraser en point de presse à l'Université d'Ottawa, où le rapport a été présenté.

Le Canada n'a jamais atteint la cible globale de 4 pour cent qu'il s'était fixée en matière d'immigration au sein des communautés francophones en situation minoritaire.

Et force est de constater qu'au fil des ans, «les communautés francophones du Canada ont peu bénéficié de l'immigration en comparaison des communautés anglophones majoritaires», est-il écrit dans le rapport.

«Il est minuit moins une», a résumé la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Marie-France Kenny, qui assistait à la conférence de presse.

Citoyenneté et Immigration, qui travaille depuis quelques années à la modernisation du système d'immigration canadien, présentera en janvier 2015 les grandes lignes d'un nouveau programme appelé Entrée express.

Celui-ci prévoit notamment que les employeurs canadiens «joueront un rôle direct dans l'embauche d'immigrants économiques», précise-t-on sur le site Internet du ministère.

Disant vouloir garder un oeil sur les effets qu'aura ce nouveau programme sur les communautés francophones minoritaires, les commissaires Fraser et Boileau demandent au gouvernement, dans leur rapport, de brosser un portrait de la situation d'ici le 31 mars 2015.

Il s'agit de l'une des huit recommandations - sept sont adressées au fédéral - contenues dans le rapport, qui parle d'«une occasion à ne pas manquer» pour changer le portrait du système d'immigration canadien, qui devrait selon M. Fraser refléter la réalité du pays.

Le commissaire fédéral dit n'avoir pas l'intention de prêcher dans le désert dans ce dossier: le ministre de l'Immigration, Chris Alexander, est d'une «grande écoute», a-t-il assuré mardi.

Au ministère, on s'est d'ailleurs dit «persuadé» d'être en mesure d'accroître le nombre d'immigrants francophones hors Québec au cours des prochaines années pour arriver à atteindre la cible du 4 pour cent d'ici 2018.

«Notre gouvernement (...) reconnaît que l'immigration en provenance de pays francophones est essentielle pour ces communautés francophones», a écrit dans un courriel Kevin Ménard, l'attaché de presse du ministre Alexander.

Le taux d'immigration de francophones au sein des communautés francophones en situation minoritaire varie d'une province à une autre.

Au Nouveau-Brunswick, par exemple, il est d'environ 11 pour cent, mais étant donné que la communauté acadienne représente 32 ou 33 pour cent de la population, la minorité n'est pas la même qu'ailleurs au pays.

Les cinq principaux pays d'où sont issus les immigrants francophones au Canada sont, dans l'ordre, la France, la République démocratique du Congo, le Cameroun, Haïti et la Côte d'Ivoire, selon les données fournies par Citoyenneté et Immigration.