Un navire de chargement défectueux a accosté à Terre-Neuve avec à son bord 11 personnes qui ont besoin d'eau et de nourriture, a indiqué un chef syndical, vendredi.

«Mon inquiétude, en ce moment, est que ces gens n'ont pas un sou dans leur poche. Ils n'ont pas de vêtements d'hiver», a déploré Gerard Bradbury, de la Fédération internationale des ouvriers du transport, en conférence de presse.

M. Bradbury sollicite des dons pour aider les huit Ukrainiens et les trois Russes de l'équipage, qui sont pris au port d'Argencia depuis le 4 août dernier. Ils étaient arrivés à Terre-Neuve, après avoir fait une escale à Halifax, où ils livraient de la marchandise en provenance de Pologne.

L'équipage n'a pas été payé depuis le mois de juin et il a accumulé des dettes de 160 000 $ US, selon le chef syndical.

Les passagers ont désespérément besoin d'eau, de nourriture, de vêtements et de médicaments pour la tension artérielle, a-t-il ajouté.

Le bateau de chargement Jana, dont la construction remonte à 12 ans, est généralement en bon état, mais des problèmes mécaniques l'empêchent de quitter le port, a souligné M. Bradbury.

Le Jana avait été acquis par une compagnie allemande, qui dit l'avoir cédé à des banquiers en raison de problèmes financiers.

Le conseiller juridique de MS «Hanna» Schiffahrtsgesellschaft mbH & Co Reederei KG Gregor Reiter a indiqué par courriel que la compagnie était encore responsable du bateau.

L'administrateur d'insolvabilité de la compagnie aurait déjà envoyé vendredi environ 21 000 $ US pour répondre aux besoins de l'équipage.

«Nous savons que c'est une goutte dans l'océan, mais nous espérons satisfaire à leurs besoins minimaux (...) Nous avons parlé à M. Bradbury aujourd'hui et nous exercerons des pressions sur les créanciers pour prévoir des fonds supplémentaires et pour déterminer la suite des choses d'ici à la semaine prochaine», a souligné M. Reiter.

Le représentant syndical de l'Union des pêcheurs de Terre-Neuve John Boland a remarqué que des situations semblables sont de plus en plus fréquentes.

«Une fois aux dix ans, quelque chose de semblable arrive ici. Ça devient de plus en plus régulier», a-t-il déploré.

M. Boland dénonce les accords de libre-échange qui aggravent les conditions de ces travailleurs déjà assez peu rémunérés, selon lui.

«Tout le monde doit faire plus avec de moins en moins d'argent. Le résultat est ce que vous voyez», a-t-il constaté.

Le capitaine du bateau, Sergey Alipichev, a précisé qu'il y avait assez de chauffage et de carburant pour tenir 20 jours, mais selon lui, les tensions sont de plus en plus vives entre les membres de l'équipage affamés. Le manque de cigarette semble avoir affecté davantage les hommes, qui sont de grands fumeurs.

«C'est très difficile maintenant», a-t-il regretté.