Déclaration de guerre, hier soir: le gouvernement Couillard, «obsédé par le déficit zéro, sacrifie les jeunes du Québec», accuse le Réseau des carrefours jeunesse-emploi. Dès son lancement, l'offensive du gouvernement Couillard sur les structures d'aide financière en région soulève des récriminations.

Hier, le ministre des Affaires municipales Pierre Moreau a confirmé les informations publiées par La Presse: le réseau des conférences régionales des élus (CRE) sera démantelé à la faveur d'un vaste réaménagement des interventions de Québec en région. Québec n'a que faire d'une structure qui engloutit 38% de ses budgets en frais de gestion, explique-t-il. «Il n'y a pas de vaches sacrées en ce qui me concerne», tranche-t-il sans appel.

En fin de journée, c'était au tour du réseau des carrefours jeunesse-emploi (CJE) de recevoir les mauvaises nouvelles de Québec.

«On nous propose une désorganisation totale des services aux jeunes. Ce sont eux qui vont payer le prix du déficit zéro», a lancé Monique Sauvé, présidente du regroupement dont sont membres 97 des 110 CJE du Québec. Au cours d'une rencontre de quelques heures, terminée en fin de journée, une sous-ministre d'Emploi Québec a annoncé aux porte-parole de cette structure que ce sera désormais le Ministère (ses centres locaux d'emploi) qui choisira, parmi sa clientèle, les cas transmis aux carrefours. Québec exigera des comptes précis sur les 45 millions qu'il injecte chaque année dans cette structure.

Les CJE comptent 1500 employés partout au Québec. Leur mandat est de faciliter le retour des jeunes chômeurs et bénéficiaires de l'aide sociale sur le marché du travail.

Exclusion des jeunes

Après hésitation, Mme Sauvé et le directeur général Alexandre Soulières établiront à 26% des budgets les sommes dévolues à l'administration de ces organismes.

Mme Sauvé prévient que «ce que le Ministère propose va exclure des jeunes dans le processus». Tous les carrefours se réunissent la semaine prochaine dans les Laurentides pour un congrès, qui était déjà prévu, une occasion de faire le point sur les actions à mettre en oeuvre. Le Ministère veut avoir des comptes plus précis sur l'argent transféré, mais «on en donne déjà une reddition de comptes très précise», observe M. Soulières. Selon Mme Sauvé, les centres locaux d'emplois ne peuvent fournir les mêmes services aux jeunes. «C'est nous qui disposons de l'expertise», résume-t-elle.

À l'entrée du caucus des députés libéraux, le ministre Moreau a souligné que Québec voudrait avant tout discuter avec les municipalités de ses intentions. Les décisions ne sont pas arrêtées, a-t-il soutenu, avant d'indiquer que le sort des CRE était virtuellement scellé.

«L'idée est de faire du développement économique régional, la question à se poser est: est-ce que c'est la bonne façon de faire?», s'interroge à voix haute M. Moreau. «Les CRE, c'est 48 millions de budget et 38% de ces fonds passent en frais de gestion. Connaissez-vous un organisme qui peut fonctionner avec 38% de frais de gestion? La réponse est non», a-t-il lancé.