En annonçant une nouvelle aide, via l'UNICEF, aux enfants victimes du conflit en Irak, le ministre canadien du Développement international a dit que son gouvernement pourra en faire davantage lorsque l'intervention militaire contre le groupe armé État islamique (ÉI) aura donné des résultats.

Ces résultats se feront attendre plus que six mois - la durée prévue de la mission canadienne - d'après le Chef d'état-major de la Défense.

Vendredi midi, le ministre Christian Paradis a annoncé huit millions de dollars pour l'initiative «Non à une génération perdue», programme de l'UNICEF qui a pour but de continuer à scolariser les enfants, y compris ceux en zone de conflit et ceux déplacés dans des camps de réfugiés.

L'argent canadien couvrira les frais de ce programme pour 200 000 enfants en Irak. Mais c'est 900 000 petits Irakiens et 100 000 enfants syriens qui en ont besoin, d'après le calcul de l'UNICEF.

Le ministre Paradis croit que les bombardements aériens contre les positions de l'ÉI feront reculer ce groupe et faciliteront l'accès à l'aide humanitaire pour les Irakiens.

«On parle ici d'un programme (...) qui va nous permettre d'atteindre quelque 200 000 enfants. Mais il y en a 900 000 dans le besoin. (...) Il y en a qui ne sont pas atteignables. Alors s'il n'y a rien qui est fait...», a dit le ministre en point de presse, laissant sa phrase en suspens.

«C'est pour ça qu'il a été décidé ici, du côté canadien, de participer (...) à cette mission militaire (...) pour diminuer la capacité d'agir de cette organisation-là (...) pouvant faire en sorte dans l'avenir d'avoir un meilleur accès aux gens dans le besoin», a-t-il tout de suite ajouté.

M. Paradis a offert ce raisonnement en tentant de justifier, encore une fois, la décision de son gouvernement de participer aux frappes aériennes en Irak. Il voulait ainsi répondre à l'ancien premier ministre Jean Chrétien qui a publié une lettre ouverte vendredi.

«Malheureusement, M. Harper n'a pas compris l'histoire en 2003 et ne la comprend toujours pas aujourd'hui», peut-on lire dans cette lettre où M. Chrétien a rappelé son refus de s'engager aux côtés des Américains lors de la guerre de 2003 en Irak.

«Comparer la guerre de 2003 avec ce qui se passe aujourd'hui, c'est comparer des pommes avec des oranges», a rétorqué le ministre Paradis pour défendre son gouvernement et son premier ministre.

Quant à l'invitation faite par M. Chrétien pour que le Canada soit «en première ligne pour faire face à la crise humanitaire», le ministre Paradis a répété encore une fois que, dans ce conflit, l'humanitaire ne va pas sans le militaire.

Une intervention militaire plus longue que six mois

Pendant que le ministre annonçait les 8 nouveaux millions $ d'aide humanitaire, les militaires canadiens offraient les premiers détails pratiques de leur intervention en Irak, refusant de dévoiler leurs estimés ou le budget pour cette mission.

Le Chef d'état-major, le général Tom Lawson, était toutefois prêt à dire qu'il doute que cette intervention ne dure que six mois.

«C'est un peu fort de s'attendre à ce que toutes les mesures de succès soient (atteintes) en six mois. Y a-t-il un scénario dans lequel cela peut se passer? Peut-être, mais pas probable», de l'avis du général.

Le général Lawson a souligné que les frappes aériennes devront être suivies de missions plus élargies d'entraînement des troupes irakiennes. Il a révélé que pareil scénario a été discuté par les militaires, cette semaine, lors d'une réunion à Washington.

Rien n'indique que le Canada participerait à ces missions aussi.

En ce moment 26 militaires canadiens sont en Irak pour offrir des conseils aux troupes irakiennes aux prises avec les combattants de l'ÉI. Six cents autres militaires participeront aux bombardements aériens, une fois que les CF-18 arriveront au Koweït, avant la fin du mois. On prévoit les premières sorties des avions canadiens, début novembre.