Manifestations, pétition, sorties publiques: la résistance, qui émane notamment d'ex-politiciens, de politiciens, des centres de la petite enfance (CPE) et des groupes de femmes, s'intensifie pour dénoncer, d'une part, les coupes dans les programmes sociaux du gouvernement Couillard et, d'autre part, le fait que les femmes en sont les premières victimes.

Le 31 octobre, jour de l'Halloween, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics organise une manifestation au centre-ville de Montréal. Suivra le 9 novembre un rassemblement dans toutes les régions du Québec, organisé celui-là par l'Association québécoise des CPE.

Cette association fait par ailleurs circuler une pétition sur l'internet, de même qu'une lettre intitulée «Toujours fous de nos enfants?», signée notamment par les ex-ministres Louise Harel et Camil Bouchard, la conseillère municipale Elsie Lefebvre, l'économiste Pierre Fortin et des présidents de syndicats (Louise Chabot, de la CSQ, et Daniel Boyer, président de la FTQ).

«Si l'avenir des finances publiques du Québec justifie cet exercice de révision, le gouvernement ne peut démanteler les services de garde sans tenir compte de tous les gains, financiers et sociaux qu'ils génèrent», peut-on lire dans le texte, qui rappelle que le réseau des CPE incite les gens à avoir plus d'enfants, leur permet de concilier vie professionnelle et vie familiale et de participer, de ce fait, à la vie économique.

«Qui défend les femmes?»

Cette lettre fait aussi écho à la sortie publique de quatre groupes de femmes menés par la Fédération des femmes du Québec, qui signalent pour leur part que les coupes annoncées dans les commissions scolaires, les agences de santé et les services sociaux en général viseront principalement des femmes, puisqu'elles y travaillent en très grand nombre.

De façon plus globale, écrivent-elles, les coupes risquent de mettre à mal «les avancées des 30 dernières années du féminisme», de ramener le vieux modèle de la famille dans lequel on compte encore sur le travail gratuit des femmes comme aidante naturelle, par exemple.

«Qui, au gouvernement, défend les femmes?», demandent ces groupes, préoccupés par le silence de la ministre de la Condition féminine.

«Les programmes sociaux et les services publics compensent pour l'inégalité des charges sociales supportées par les femmes pour le bien-être de la famille et des communautés et réduisent les discriminations qu'elles subissent. Quand le gouvernement augmente le tarif pour les services de garde, réduit le programme d'aide sociale, d'aide à domicile ou le soutien aux parents, il affecte la capacité des femmes à concilier travail, famille et études. [...] En procédant à ces coups et révisions, le gouvernement ne respecte plus ses obligations envers le droit des femmes à l'égalité et à la justice sociale.»