Le gouvernement Harper prévoit modifier sa Charte des anciens combattants afin d'apaiser la grogne d'anciens soldats qui ont promis de militer contre eux lors des prochaines élections.

Le ministre des Anciens Combattants, Julian Fantino, a présenté la réponse du gouvernement à un comité de révision de la Chambre des communes, qui avait recommandé plus tôt cette année 14 changements au programme d'aide et de bénéfices.

Le gouvernement envisage la création d'un versement complémentaire unique afin de compenser les vétérans gravement blessés.

Le ministère prévoit une série de révisions immédiates qui ne nécessitent pas de nouveau budget ou l'approbation du Parlement. Des changements nécessitant de nouvelles sommes d'argent et la coordination avec d'autres ministères seraient ensuite mis en place, probablement en 2015.

On ne sait pas à quel point la deuxième phase du projet sera incluse dans le budget fédéral du printemps prochain, le dernier avant les élections, prévues en octobre 2015.

Un comité parlementaire des Communes s'est plaint, entre autres choses, que les compensations offertes pour les souffrances de nombreux soldats blessés sont loin d'équivaloir à ce que les tribunaux ou les systèmes compensatoires des provinces octroient.

Le gouvernement affirme qu'il étudie comment régler le problème, mais une source bien au fait du dossier a affirmé mercredi qu'un montant supplémentaire de 70 000 $ pourrait être ajouté à la somme globale versée à un soldat.

La source n'était pas autorisée à discuter publiquement du dossier et a uniquement parlé sous la condition que son identité ne soit pas révélée.

D'autres problèmes, comme l'assurance que les soldats grièvement blessés reçoivent des prestations à vie et la différence entre le soutien offert aux soldats réguliers et à ceux de la réserve, vont nécessiter plus d'analyse et de vérifications, a répondu le gouvernement.

Et de façon plus symbolique, le gouvernement prévoit réécrire le préambule de la Charte des anciens combattants afin de définir clairement les obligations du Canada envers ses vétérans - un enjeu au coeur d'une poursuite intentée par les vétérans de la mission en Afghanistan.

Dans leur défense, les avocats du gouvernement soutiennent que le pays n'a pas d'obligations particulières à l'endroit de ses employés militaires et que le gouvernement en place ne peut être tenu de respecter les promesses de ses prédécesseurs.

Julian Fantino a été impliqué dans un échange acrimonieux l'hiver dernier au sujet de la fermeture de centres de services pour les anciens combattants et a aussi été accusé d'avoir refusé une rencontre avec l'épouse d'un vétéran au printemps.

Les deux événements ont entaché l'image d'un gouvernement qui a bâti sa réputation en défendant ceux qui portent l'uniforme.

L'automne dernier, le gouvernement conservateur a aussi été accusé de ne pas s'occuper des soldats qui ont été sommairement démobilisés alors que beaucoup d'entre eux souffraient de stress post-traumatique et n'étaient pas prêts à quitter la vie militaire.

Le comité des Communes a recommandé qu'aucun soldat ne soit démobilisé avant qu'il ne soit dans une condition médicale «stable»: le ministère de M. Fantino a rétorqué qu'il entend s'impliquer plus tôt dans le processus de transition vers la vie civile.

Il planifie aussi offrir aux conjoints un accès à une gamme de services, incluant un programme pour former les aidants naturels et leur donner des outils pour faire face aux problèmes liés à la vie avec des membres de la famille sévèrement blessés.

C'était là une demande-clé de la militante pour les droits des anciens combattants Jenifer Migneault qui a pourchassé au printemps dernier le ministre Fantino alors que celui-ci quittait en trombe un comité parlementaire à Ottawa.