La Croix-Rouge canadienne déplore les conditions observées dans plusieurs centres de détention d'immigrants au pays, notamment des cellules surpeuplées et le manque de soutien pour les enfants. De plus, faute de centres de détention spécifiques dans plusieurs régions, certains immigrants sont détenus dans des prisons provinciales ou des postes de police, avec des suspects de crimes violents.

La Société canadienne de la Croix-Rouge a conclu une entente avec l'Agence des services frontaliers du Canada pour s'assurer du bon traitement des personnes détenues au Canada en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. L'agence fédérale peut ainsi détenir des personnes jugées à risque de monter à bord d'un avion, qui représentent un risque pour la sécurité publique, ou dont l'identité ne peut être attestée.

Chaque année, la Croix-Rouge mène des inspections dans les différents centres de détention pour immigrants au pays, et remet son rapport à l'Agence des services frontaliers. Ces rapports sont confidentiels, mais celui de 2012-2013 a été obtenu grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Le porte-parole de l'agence, Pierre Deveau, a indiqué que plusieurs correctifs avaient été apportés depuis, mais il n'a pas voulu préciser lesquels, et a refusé de référer les questions à un responsable.

Dans ce rapport - rédigé après 63 visites dans des centres de détention au Québec, en Ontario, en Alberta, en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique -, on estime ainsi que 3952 immigrants ont été détenus en 2012 dans des établissements correctionnels, aux côtés de criminels ou de suspects. Une pratique qui peut être «extrêmement stressante» pour des immigrants, notamment des demandeurs du statut de réfugié qui ont fui la guerre et la torture dans leur pays, écrit la Croix-Rouge.

Dans des établissements correctionnels au Québec et en Alberta, la surpopulation dans les cellules était courante - des cellules conçues pour une personne, mais occupées par trois. Certains détenus dormaient sur des matelas posés par terre, et disposaient de peu d'espace à eux.

De façon générale, la Croix-Rouge a observé une amélioration dans les conditions sanitaires des centres de détention de l'agence, qui offraient aussi un meilleur accès à des services de soutien, à l'aide juridique, aux cartes d'appel et aux visites. Par contre, l'organisme humanitaire a déploré lors de ses inspections la présence de moisissures dans un centre de détention au Québec.

Par ailleurs, on estime à 291 le nombre de mineurs qui ont été détenus au Canada en 2012 en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, mais la Croix-Rouge croit que ce chiffre pourrait être supérieur. L'organisme suggère à l'agence fédérale de mettre en place une politique nationale concernant ces détenus mineurs, notamment ceux qui sont arrivés seuls, qui auraient pu être victimes de trafic humain, ou qui nécessiteraient des soins particuliers.

La Croix-Rouge recommande aussi que l'agence applique dans toutes les provinces des solutions de rechange à la détention des immigrants, comme l'utilisation du «bracelet électronique».