Le Nouveau-Brunswick pourrait élire ce soir l'un des plus jeunes premiers ministres de l'histoire canadienne - un autre dans une province habituée aux jeunes politiciens.

Le chef du Parti libéral Brian Gallant, avocat de 32 ans, a pris la tête des sondages tout au long de la course, bien que l'écart avec le Parti progressiste-conservateur se soit progressivement resserré.

M. Gallant pourrait devenir le huitième premier ministre à être élu de moins de 40 ans par les Néo-Brunswickois depuis la Confédération. En comparaison, trois ont dirigé le Québec durant la même période (Joseph-Adolphe Chapleau, Robert Bourassa et Pierre Marc Johnson).

«Il y a quelque chose dans l'innocence de la jeunesse qui attire les électeurs du Nouveau-Brunswick», lance le politologue de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard Don Desserud, lui-même d'origine néo-brunswickoise.

L'une des explications, selon lui, pourrait être une forme de cynisme des électeurs qui se méfient des promesses de «vieux» politiciens pour redresser la situation économique de la province à la population vieillissante.

Parallèle avec Trudeau

Le professeur Desserud note par ailleurs que les parallèles entre cette campagne et la prochaine campagne fédérale sont intéressants.

Comme Justin Trudeau, Brian Gallant est un jeune chef sans grande expérience politique, mais doté d'un charisme et d'un charme indéniables. Tous deux affrontent un chef conservateur plus vieux qu'eux. Dans le cas du Nouveau-Brunswick, le premier ministre sortant David Alward, 55 ans, est parfois dépeint comme timide et un peu ennuyeux. De plus, le coprésident de la campagne de M. Gallant est le député libéral fédéral Dominic LeBlanc, un proche de M. Trudeau.

«Ce que l'on voit au Nouveau-Brunswick est exactement ce qui se passe au niveau fédéral. Mais évidemment, c'est plus complexe quand vous le transposez à l'ensemble du pays...», analyse le politologue.

Trop jeune?

L'exploitation des gaz de schiste a été au coeur des enjeux de la campagne. Les conservateurs appuient sans réserve cette avenue qui divise la population. Les libéraux prônent la prudence et proposent un moratoire.

Autre enjeu: l'avortement. La fermeture de la clinique Morgentaler à Fredericton, la seule clinique privée de la province, a relancé le débat. Une femme doit obtenir l'approbation de deux médecins pour se faire avorter dans le secteur public. Le Parti progressiste-conservateur favorise le statu quo, tandis que le Parti libéral propose d'étudier les moyens d'améliorer l'accessibilité.

Mais dans ces dossiers comme dans d'autres, les positions du Parti libéral de Brian Gallant ne sont pas assez tranchées, selon le politologue de l'Université de Moncton Roger Ouellette. «On n'a pas une réponse claire», dit-il.

La semaine dernière, le chef libéral a d'ailleurs dû se rétracter et s'excuser dans une deuxième entrevue accordée la même journée à CBC, après qu'il se fut trompé dans ses calculs du nombre de personnes qui seraient touchées par des hausses d'impôts.

«L'une des critiques de votre leadership est votre manque d'expérience. Cela semble en être une illustration», lui a fait remarquer le journaliste Harry Forestell.

Dans une province qui semble avoir un faible pour les jeunes politiciens, cette inexpérience de Brian Gallant finira-t-elle par lui nuire? Avec près de 15 points d'avance sur les conservateurs selon un sondage mené en début de campagne, les libéraux semblaient sur le point d'anéantir leurs adversaires. Mais des résultats dévoilés hier indiquent plutôt que leur avance a fondu à neuf points.

«Conclusion: pas de balayage en perspective, mais plutôt une petite majorité», prédit Roger Ouellette.