Un plan visant à éteindre l'incendie qui fait rage depuis des mois dans le dépotoir d'Iqaluit, au Nunavut, et qui empoisonne l'air de la région, est toujours reporté parce que la Ville tente de trouver quelqu'un pour défrayer cette coûteuse opération.

«La Ville a adopté l'approche voulant que quelqu'un d'autre paie pour l'opération, et je crois qu'ils attendaient si quelqu'un allait se manifester, a soutenu Darren Flynn, du ministère des Services communautaires et gouvernementaux pour le territoire nordique. «Pour moi, ce ne serait vraiment pas exact de soutenir que cela n'a pas retardé le processus», a-t-il expliqué.

L'incendie pollue l'air depuis le 20 mai, en émettant entre autres dans l'atmosphère des substances chimiques toxiques.

Des responsables municipaux et territoriaux examinent un plan de 2,4 millions $ pour finalement venir à bout du brasier. La Ville a réclamé une aide financière, mais une rencontre devant rassembler vendredi des responsables municipaux, territoriaux et fédéraux pour discuter du plan a été annulée. Le territoire a ensuite remis une lettre aux responsables municipaux, où sont décrits les diverses options dont disposent Iqaluit pour financer la lutte contre l'incendie avec ses propres fonds.

La Ville dispose entre autres de réserves financières de l'ordre de 7,5 millions $, indique-t-on dans la missive du gouvernement territorial.

«Ils ont peut-être identifié d'autres façons d'utiliser (cette réserve), a suggéré M. Flynn. Mais si vous économisez pour une voiture et qu'entretemps, la chaudière flanche dans votre maison, vous allez bien entendu modifier votre budget. Tout ce que nous disons à la Ville, c'est qu'il faudra peut-être changer certaines priorités.»

Des responsables d'Iqaluit n'ont pas voulu répondre à une demande d'entrevue.

Toujours selon M. Flynn, le territoire a déjà offert de l'aide sous la forme d'équipement, en plus de proposer de garantir financièrement les sommes engagées par la Ville.

La tâche sera onéreuse, puisque le foyer de combustion se trouve profondément enfoui dans un gigantesque amas de déchets de la taille d'un terrain de football, et profond de quatre étages.

Un consultant a proposé de construire un grand étang cerclé de terre et de déchets, et qui serait rempli avec de l'eau de mer de l'Atlantique. Des pelles mécaniques «à bras extensible» verseraient ensuite les déchets en feu dans cette «piscine». Le contenu serait finalement asséché, écrasé et entreposé dans un nouveau site.

L'eau contenue dans cet étang serait enfin pompée et lancée sur le dépotoir afin d'éteindre les flammes qui devraient prendre de l'ampleur au fur et à mesure que les pelles mécaniques s'y attaqueraient.

Mais jusqu'à ce que quelque chose soit fait, l'incendie continuera de produire sa fumée âcre et toxique.

Jeudi dernier, le ministère de la Santé du Nunavut a publié des données de surveillance de la qualité de l'air indiquant que les niveaux de la plupart des contaminants émis par l'incendie étaient toujours bas. Mais les niveaux de dioxines et de furanes - deux produits cancérigènes - dépassent toujours les normes ontariennes, par exemple. Les autorités ont suggéré aux enfants, aux femmes enceintes, aux personnes âgées et à celles souffrant de problèmes pulmonaires d'éviter l'exposition à la fumée du brasier.