Trois Premières Nations de la Colombie-Britannique n'ont pas perdu de temps pour faire appliquer leurs droits sur leur territoire traditionnel, à la lumière d'une récente décision historique de la Cour suprême du Canada qui a reconnu un titre ancestral autochtone

Les chefs héréditaires de la Première Nation Gitxsan ont fait parvenir un avis d'expulsion au Canadien National (CN), à des sociétés forestières et à des entreprises de pêche sportive, leur demandant de quitter leur territoire le long du fleuve Skeena, dans la foulée d'une dispute avec les gouvernements provincial et fédéral sur les discussions entourant les traités autochtones.

La Première Nation Gitxaala, qui a des territoires sur des îles au large de la côte nord de la Colombie-Britannique, a également annoncé son intention d'intenter des démarches en Cour d'appel fédérale dès vendredi pour contester la récente approbation par le gouvernement fédéral du projet d'oléoduc Northern Gateway.

La Première Nation Kwikwetlem a aussi ajouté sa voix à la liste en revendiquant un titre ancestral sur tout le territoire associé à l'hôpital Riverview, un établissement de la région de Vancouver maintenant fermé.

Les trois groupes justifient leurs gestes par le récent jugement de la Cour suprême du Canada sur la Première Nation Tsilhqot'in.

«Cela nous a donné un peu confiance sur le fait que les choses vont se passer comme nous le voulons», a expliqué le chef intérimaire des Gitxaala, Clarence Innis. «Je crois que c'est un message très fort pour le Canada: n'ignorez plus les Premières Nations et consultez-les.»

La demande déposée en Cour d'appel allègue que le gouvernement fédéral n'a pas pris en compte les droits autochtones et le titre ancestral de la nation Gitxaala en approuvant le projet d'oléoduc de l'entreprise albertaine Enbridge. Le jugement portant sur la nation Tsilhqot'in renforce le dossier présenté par les Gitxaala, a estimé Rosanne Kyle, l'avocate de la communauté.

«Le projet Northern Gateway sera le premier cas dans lequel les implications (du jugement) Tsilhqot'in se cristalliseront», a indiqué Me Kyle. «La cour a offert beaucoup plus d'éclaircissements pour tous ceux qui sont impliqués, incluant le gouvernement, sur ce qu'il faut faire pour parvenir à la réconciliation.»

À environ 250 kilomètres au nord-est de la nation Gitxaala, la nation Gitxsan a donné aux entreprises présentes sur son territoire jusqu'au 4 juillet pour quitter les lieux.

Parce que la communauté n'a pas été consultée par le gouvernement, les entreprises qui ont obtenu des permis pour mener leurs activités sur le territoire autochtone de 33 000 kilomètres carrés font de l'intrusion, a affirmé Gwaans Bev Clifton Percival, négociatrice en chef des Gitxsan.

«La Cour suprême a adopté un autre jugement qui fait progresser nos droits et notre titre ancestral», a-t-elle affirmé. «Ils (le gouvernement) doivent respecter la loi. Nous sommes prêts à négocier.»

Le CN n'a pas retourné les appels de La Presse Canadienne, mais a transmis un bref communiqué.

«Nous avons une relation de coopération de longue date avec les chefs héréditaires Gitxsan et nous sommes présentement en discussion avec eux sur cette question», a déclaré Mark Hallman, directeur des communications du CN.

Le ministre britanno-colombien des Relations et de la Réconciliation avec les Autochtones, John Rustad, n'était pas disponible pour des entrevues jeudi. Dans une déclaration transmise par courriel, il a affirmé que le gouvernement provincial libéral prenait très au sérieux la décision de la Cour suprême sur l'obligation de consulter les Autochtones.