Les négociations ont débuté mardi pour le renouvellement des conventions collectives des fonctionnaires fédéraux, et ceux-ci se débattent pour qu'Ottawa ne sabre pas dans leurs bénéfices.

C'est pourtant l'intention du gouvernement fédéral, qui ne s'en cache d'ailleurs pas.

Les deux derniers budgets fédéraux ont exposé le plan gouvernemental, qui vise à diminuer la taille de la fonction publique et à ramener les conditions des fonctionnaires à un niveau équivalent au secteur privé. Les indemnités de départ volontaire ont notamment été éliminées et un nouveau partage des régimes de pension des employés fédéraux a été établi, soit moitié-moitié.

Vu le nombre de fonctionnaires concernés, tout changement à leurs conditions de travail a un impact considérable sur les coffres de l'État.

L'un des principaux points en litige touche aux congés de maladie des employés de la fonction publique, alors qu'Ottawa veut réduire les coûts du régime.

Pour l'instant, les employés peuvent accumuler les congés inutilisés et les reporter à une autre année. Ottawa veut mettre fin à cette pratique: à la fin d'une année, les congés qui n'ont pas servi seraient effacés.

L'Alliance de la fonction publique du Canada a déjà fait connaître son opposition à tout changement à ce niveau.

Sans être opposée à des améliorations, elle croit que le système actuel constitue une meilleure gestion de la santé publique. Les employés malades ne sentent pas la pression d'aller travailler: ils récupèrent ainsi plus vite et ne contaminent pas les autres.

Ottawa veut aussi déléguer la gestion des congés de maladie à une entreprise privée, rapporte le syndicat, qui s'y oppose fermement.

«S'ils commencent avec cela, qu'est-ce qui ne sera pas privatisable?», s'indigne Larry Rousseau, vice-président régional de l'Alliance pour la capitale.

Il croit qu'Ottawa souhaite abolir de plus en plus de services internes pour les confier à des entreprises privées.

Les représentants syndicaux veulent aussi une refonte du système utilisé pour la mise à pied d'employés et des augmentations salariales.

Le syndicat s'attend à des négociations ardues avec le gouvernement conservateur.

«Son intérêt est de diminuer ce que nous avons», a déclaré M. Rousseau.

«Le climat est très froid. Parce que nous ne croyons pas que le gouvernement discute de bonne foi», a-t-il ajouté.

À preuve, il cite le fait que le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, qui est en charge des négociations, a publiquement déclaré que les fonctionnaires abusent des congés de maladie et qu'ils ne sont pas productifs.

«Il veut se débarrasser des fonctionnaires pour que cela coûte moins cher aux contribuables», a dit le dirigeant syndical.

Les syndicats et Tony Clement se sont livrés une guerre de mots après que le ministre eut déclaré que la fonction publique souffre d'un taux d'absentéisme excessivement élevé.

Selon les données du Conseil du Trésor, les fonctionnaires fédéraux utilisent plus de 18 jours de congé de maladie par an, soit plus du double d'un employé du secteur privé.

Les syndicats avaient rétorqué qu'il était injuste de comparer les secteurs public et privé, car au privé, les employés n'ont souvent pas de congés de maladie payés.

M. Clement avait aussi suggéré dans le passé que tout le système de congés soit revu pour le moderniser et pour tenir compte des congés pour des employés souffrant de troubles mentaux.

Les représentants syndicaux se sont réunis lundi à Ottawa pour faire le point avant d'entreprendre la ronde de négociations, qui durera toute la semaine, et vraisemblablement au-delà.

L'Alliance de la fonction publique du Canada représente plus de 170 000 travailleurs, dont quelque 111 000 sont visés par les présentes discussions.

Les conventions collectives de ces fonctionnaires sont échues depuis le 21 juin.

M. Rousseau précise que tous les fonctionnaires seront touchés par les  négociations en 2015.

Dans une déclaration transmise en fin de journée, le bureau de M. Clement a réagi en affirmant que le «gouvernement met l'accent sur la modernisation d'un système de congés de maladie qui date de plusieurs décennies afin d'aider les fonctionnaires à retrouver la santé et se remettre au travail».

Le bureau du président du Conseil du Trésor a aussi dit souhaiter «que les syndicats s'impliquent davantage et aident à établir un régime d'invalidité de courte durée qui sera juste pour les employés et les contribuables».