Au moment de retrouver l'hôtel de ville, lundi, après deux mois en cure de désintoxication, le maire de Toronto, Rob Ford, a présenté ses excuses, supplié la population de lui accorder une seconde chance, et promis qu'il ne récidiverait plus.

Dans une déclaration de 15 minutes lue à la presse à son retour à l'hôtel de ville, M. Ford a parlé avec émotion de ses problèmes de dépendance, et du temps qu'il a mis avant d'admettre que cela le détruisait.

«Pendant très longtemps, j'ai refusé d'aller chercher de l'aide, a-t-il admis. J'étais complètement dans le déni. J'étais devenu mon pire ennemi.»

M. Ford a remercié le centre de réhabilitation où il s'est isolé il y a deux mois, qui lui a sauvé la vie et l'a forcé à «confronter ses démons», a-t-il confié. Bien qu'il aura besoin d'être suivi durant toute sa vie, aller chercher de l'aide a changé sa vie pour de bon, a soutenu le maire.

«Je peux dire fièrement que j'ai entamé le processus pour reprendre le contrôle de ma vie.»

Son rôle de maire est surtout symbolique depuis que le conseil municipal lui a retiré la majorité de ses fonctions en novembre, après qu'il eut admis avoir consommé avec excès de l'alcool et de la drogue, ce qu'il niait depuis des mois, et avoir été filmé proférant des commentaires offensants.

Le maire a présenté ses excuses sincères à quiconque a pu être blessé par ses paroles ou ses gestes. Il n'a jamais eu l'intention de faire honte à la ville, a-t-il dit. Avec le recul, il se dit «honteux, embarrassé et humilié».

Le maire a aussi réitéré qu'il allait rester en poste et se présenter aux prochaines élections municipales, en octobre. «Je suis résolu à continuer à travailler plus fort que jamais pour les contribuables», a-t-il lancé.

Avec moins de quatre mois avant la fin de son mandat, M. Ford devrait passer le plus clair de son temps à tenter de regagner la confiance des électeurs.

Un conseiller municipal a critiqué le maire pour être passé d'une déclaration d'excuses à un discours électoral, dans lequel il a vanté certains éléments qu'il considère comme ses accomplissements des dernières années.

«Il aurait dû s'arrêter après avoir dit sincèrement ''Je m'excuse''», a estimé le conseiller John Fillion.

Rob Ford, dont les frasques lui ont valu une malheureuse notoriété internationale, a quitté soudainement la mairie de Toronto le 1er mai, quelques heures après qu'un vendeur de drogue eut présenté à des journalistes une vidéo le montrant fumer du crack. Depuis près d'un an, il répétait qu'il n'avait aucun problème de consommation et qu'il n'avait pas besoin de soins.

Affirmant qu'il n'avait pas vu la vraie nature de certaines anciennes fréquentations - il a notamment été photographié avec des vendeurs de drogue -, M. Ford a soutenu lundi avoir coupé les liens avec ces gens.

Avant même sa déclaration de lundi, M. Ford s'était déjà attiré des critiques pour avoir limité l'accès des médias à son annonce, apparemment pour une question d'espace, et en faisant savoir par la voix de son frère, le conseiller municipal Doug Ford, qu'il ne répondrait pas aux questions des nombreux journalistes.

John Tory, l'un des rivaux de M. Ford dans la course à la mairie, s'est dit peu impressionné par son discours de lundi, affirmant que le maire avait «extrêmement embarrassé» la ville et qu'il devrait démissionner.

«Son refus de répondre aux questions aujourd'hui est une autre indication qu'il n'a pas encore compris jusqu'à maintenant», a déclaré M. Tory.

«Il y a tellement de questions non résolues des médias, de la police et du public, et nous avons besoin d'avoir des réponses à ces questions.»