Le grand patron d'Hydro-Québec fait l'objet d'un interrogatoire serré des députés d'opposition, cet avant-midi, quant à la probité du processus d'octroi de contrats par la société d'État.

Thierry Vandal a juré qu'aucune malversation ne pouvait y prendre racine, avant de reconnaître qu'«il y a pu y avoir des épisodes» douteux dans le passé. «Des phénomènes épisodiques», «il y en a déjà eu» et ils ont mené à des mesures disciplinaires, a-t-il ajouté. M. Vandal n'a toutefois pas pu en citer un seul exemple.

Le péquiste Bernard Drainville et le caquiste Gérard Deltell, qui ont passé au gril Thierry Vandal, se sont tous deux appuyés sur les propos du «témoin A» de la Commission Charbonneau.

Anonymement, celui-ci a dénoncé des «retours d'ascenseurs» à des donateurs de partis politiques via Hydro-Québec au cours des dernières années.

Thierry Vandal a rejeté cette «déclaration à visage couvert avec une voix truquée». Un processus de vérification en continu «extrêmement rigoureux, robuste» permet d'écarter tout risque de malversation.

Il a toutefois refusé de s'engager à publier les rapports d'enquêtes rédigés sur ces situations problématiques.

Hydro «ne comprend pas» le vérificateur général

Par ailleurs, le grand patron d'Hydro-Québec s'est défendu contre les reproches d'opacité et d'absence de collaboration adressés par le vérificateur général (VG)  à son organisation.

M. Vandal a fait valoir qu'Hydro-Québec ne «comprend pas» les positions du VG, qui aurait refusé d'organiser des formations avec la société d'État et de se coordonner avec son administration pour déterminer son échéancier de vérification.

Hydro-Québec et le VG se sont aussi affrontés sur l'ampleur du travail de ce dernier. Thierry Vandal a affirmé avoir fait réaliser un avis juridique plaidant que le VG ne pouvait mettre son nez dans les activités passées d'Hydro-Québec, alors que le bureau du vérificateur croyait le contraire.

La centrale au gaz de Bécancour pourrait enfin être mise en service

La centrale au gaz de Bécancour, qui a coûté environ un milliard de dollars à Hydro-Québec sans n'avoir jamais produit un kilowattheure, pourrait se mettre enfin à fonctionner.

La société d'État envisage de s'en servir au cours des périodes de grand froid, au lieu de continuer à payer un dédommagement d'environ 150 millions de dollars par an à l'entreprise propriétaire, TransCanada Énergie, sans rien obtenir en retour.

Cette centrale de 550 mégawatts a été construite en 2004 et Hydro-Québec s'était engagée à acheter l'électricité produite. Mais en raison de ses excédents d'énergie déjà trop importants, Hydro ne l'exploite pas depuis 2008 et doit donc dédommager son propriétaire. Le contrat d'approvisionnement est d'une durée de 20 ans et a été signé en 2003.

Comparaissant devant des députés, lundi, le président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, a en effet fait savoir que la société d'État songe actuellement à des scénarios d'utilisation, même si la situation des surplus d'électricité est appelée à durer, selon ses propos.

«On est en train de regarder avec le propriétaire si des aménagements pouvaient être faits pour utiliser la centrale sur un nombre limité d'heures en période de pointe d'hiver, a-t-il expliqué en commission parlementaire sur l'étude des crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. Car nous n'avons pas besoin de cette énergie-là 365 jours par année, à l'évidence, on a des surplus. Mais cette centrale pourrait peut-être être utile 100 heures dans l'hiver, dans des moments où il y a vraiment une fine pointe, où les éoliennes ne tournent pas de façon fiable.»

De cette façon, les équipements pourraient être utilisés dans le bilan de puissance d'Hydro, a-t-il poursuivi.

Il répondait aux questions du député péquiste Bernard Drainville, qui rappelait que les pénalités coûtaient de 150 à 200 millions de dollars par année. «C'est énorme, un très mauvais contrat. (...) Avec le recul, cela s'avère être une très mauvaise affaire. Y a-t-il moyen de se sortir de ce contrat?»

Le PDG d'Hydro a tenu à indiquer que dans la gestion des surplus, il valait mieux ne pas exploiter la centrale actuellement en raison de la structure de coûts. Ainsi, Hydro doit seulement assumer 3 cents le kWh de frais fixes, et n'a pas à payer les frais variables, liés au coût du gaz, de 4 cents le kWh, tandis qu'avec l'éolien, le coût fixe est de 10 cents le kWh, sans coût variable.

- La Presse Canadienne