Un groupe d'universitaires et de militants fait du lobbying pour un ambitieux plan visant à fournir à tous les Canadiens un revenu minimal garanti, qu'ils aient un emploi ou non.

Rob Rainer, directeur de campagne pour le Réseau canadien pour le revenu garanti, rêve d'un pays où chacun est assuré d'un minimum de 20 000 $ annuellement pour joindre les deux bouts.

Personne ne devrait vivre dans la pauvreté, selon le groupe, et c'est le but visé, a affirmé M. Rainer lors d'un congrès à l'Université McGill ce week-end.

Plus de 100 participants et conférenciers étaient présents pour discuter des mérites du revenu minimal garanti qui pourrait soit remplacer les programmes sociaux existants, soit les compléter.

Cet automne, la Suisse doit tenir un référendum non contraignant sur la garantie d'un revenu annuel équivalent à 35 900 $. Aux États-Unis, l'idée a des appuis d'un bout à l'autre du spectre politique.

Bien que le sujet ait récemment refait surface, l'idée n'est pas nouvelle. Les gouvernement canadien et manitobain ont mené un projet pilote dans les années 1970.

Dans la ville de Dauphin, au Manitoba, les résidants ont eu droit à un revenu minimal de 1974 à 1978. Le but du projet pilote, qui a coûté 17 millions $, était de voir si le fait d'accorder de l'argent directement aux résidants pouvait remplacer les programmes sociaux.

Selon une étude de 2010 de l'université du Manitoba, la santé globale du village et les taux d'occupation des hôpitaux se sont améliorés durant cette période.

L'ancien sénateur conservateur Hugh Segal, qui a démissionné ce mois-ci, a soutenu cette idée durant plusieurs années, affirmant que cela permettait d'offrir de meilleurs services à moindres coûts. François Blais, le nouveau ministre québécois de l'Emploi et de la Solidarité sociale a même écrit un livre sur le sujet: «Un revenu garanti pour tous - introduction aux principes de l'allocation universelle». Le gouvernement Couillard n'a toutefois pris aucun engagement en matière de revenu garanti.

Rob Rainer admet que cela est loin du programme politique au palier fédéral, mais croit qu'il y a un intérêt parmi les partis d'opposition.

Lors d'une rencontre à Montréal, cette année, les délégués du Parti libéral du Canada ont adopté deux résolutions en lien avec le revenu minimal garanti. Le Parti vert a aussi inclus cette notion dans son programme.

«L'idée n'est pas nouvelle, ce n'est pas vraiment radical», a fait valoir M. Rainer, ajoutant du même souffle que les aînés et les parents reçoivent aussi une forme de revenu garanti du gouvernement.