Même si la société TransCanada a accepté d'attendre l'aval du gouvernement Couillard avant d'effectuer des forages à Cacouna en lien avec son projet de terminal maritime pétrolier, ça ne l'empêche pas pour autant de s'activer en coulisses.

L'entreprise albertaine compte deux nouvelles inscriptions - Émilie Bundock et Pierre-Olivier Charlebois, du cabinet d'avocats Fasken Martineau - au Registre des lobbyistes.

Leur mandat vise l'obtention d'autorisations afin d'effectuer des «sondages géotechniques» et des travaux préliminaires en lien avec la construction d'un terminal maritime dans cette municipalité du Bas-Saint-Laurent.

«Démarches pour l'obtention d'autorisations en vertu [...] de la Loi sur la qualité de l'environnement et en vertu [...] de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune afin d'effectuer des sondages géotechniques et des travaux préliminaires», peut-on lire dans les inscriptions, qui datent du 22 juin dernier.

D'après l'inscription du Registre, Mme Bundock et M. Charlebois devraient effectuer des représentations auprès du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ainsi que de la municipalité de Cacouna.

Le démarchage se ferait entre autres par le biais de «rencontres, communications écrites et appels téléphoniques», est-il écrit dans les inscriptions, qui viennent à échéance le 1er mars 2015.

En mi-journée, jeudi, TransCanada n'avait pas rappelé La Presse Canadienne pour fournir davantage de détails concernant les mandats de ses deux nouveaux lobbyistes, qui devraient respectivement recevoir moins de 10 000 $ pour leur mandat.

Le 23 mai dernier, TransCanada s'est engagée, devant la Cour supérieure, à suspendre ses travaux tant que le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, n'aura pas émis de certificats d'autorisation.

L'entreprise avait agi de la sorte à la suite des démarches entreprises par quatre groupes écologistes, qui désiraient obtenir une injonction afin de forcer la société pétrolière à suspendre ses travaux de forage visant à étudier le secteur pour déterminer où pourrait être construit son port pétrolier.

Ces groupes - ainsi que de nombreux intervenants du milieu scientifique - craignent notamment les répercussions négatives que pourrait avoir ce projet sur la population de bélugas dans la région côtière de Cacouna.

De son côté, TransCanada a déjà indiqué qu'elle respecterait la réglementation de Pêches et Océans Canada visant à protéger les mammifères marins en prévoyant une zone de protection de 500 mètres autour de ses équipements.

Au ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, on a seulement indiqué que le «processus suit son cours et la demande est toujours en analyse». Il ne semble pas non plus y avoir de date prévue concernant une décision dans ce dossier.

Le terminal maritime à Cacouna permettrait entre autres à TransCanada d'exporter du pétrole qui serait acheminé des sables bitumineux de l'Alberta dans le cadre de son projet d'oléoduc Énergie Est, soumis à l'Office national de l'énergie.

Le gouvernement Couillard a déjà indiqué qu'il entendait collaborer avec l'Office en ce qui a trait au projet de la société albertaine, tout en s'engageant à mandater le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement pour étudier les travaux de construction du terminal maritime.

L'équivalent d'environ un million de barils de pétrole brut serait quotidiennement transporté à travers cet oléoduc de quelque 4600 kilomètres en direction de raffineries et terminaux au Québec ainsi qu'au Nouveau-Brunswick.

TransCanada estime que le gouvernement du Québec pourrait toucher des recettes fiscales de plus de 2 milliards $ en combinant la phase de conception et de construction ainsi que celle d'exploitation de l'oléoduc.