Le gouvernement Couillard va aller de l'avant et appuyer financièrement le projet de la cimenterie McInnis de Port-Daniel, un engagement pris à la toute veille des élections par Pauline Marois.

Le gouvernement «va respecter la parole donnée», a-t-on indiqué sans détour à La Presse. Le contrat n'est pas signé formellement, mais avant de faire son annonce, Mme Marois avait eu le feu vert du Conseil des ministres pour procéder à l'annonce. Depuis deux jours, les hésitations exprimées par le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, ont fait craindre le pire dans la région. Il faut rappeler qu'on parle depuis plus de 30 ans de ce projet qui a été approuvé par Québec parce que sa production est destinée aux États du Nord-Est américain. Quatre autres cimenteries au Québec ne fonctionnent qu'à mi-régime.

À deux semaines des élections, Mme Marois s'était rendue à Port-Daniel pour annoncer que Québec prêterait 250 millions, par le truchement d'Investissement Québec, pour appuyer le projet; la Caisse de dépôt injectait de son côté 100 millions en capital-actions. Or, ancien patron d'Investissement Québec, Jacques Daoust a soutenu publiquement s'interroger sur le montage financier établi pour ce projet - le gouvernement se trouvait bien loin dans l'ordre des créanciers en cas de naufrage. Des sources à l'interne expliquent que ces conditions avaient dû être réunies pour convaincre les partenaires privés - ils mettent 450 millions dans l'aventure. En tentant d'améliorer sa position, Québec ferait déraper le projet, résume-t-on.

Hier, pour sa première intervention à l'Assemblée nationale, le ministre Daoust était plus circonspect quant à la nécessité de revoir le dossier. «On est tous d'accord dans cette Chambre que la Gaspésie vit une situation difficile. Le chômage qui est en Gaspésie actuellement est important, et ça nous force à avoir une réflexion qui va plus loin que ce simple projet-là», a observé M. Daoust.

Marceau défend le projet

L'ex-ministre péquiste des Finances, Nicolas Marceau, a tenu à défendre la décision du gouvernement Marois. En campagne électorale, Philippe Couillard avait soutenu qu'il allait appuyer le projet, a rappelé le péquiste.

La provision de 108 millions pour le prêt de 250 millions est dans les normes, insiste-t-il, elle ne témoigne pas d'un projet plus risqué. L'ancien ministre ne s'inquiète guère des lettres publiées par les administrations de trois États du Nord-Est américain, qui préviennent que ce ciment «subventionné» contrevient aux accords de commerce internationaux. «Il n'y a pas de cadeau. Et pour qu'il y ait une violation des accords commerciaux, il faut qu'il y ait un cadeau. Il faut qu'il y ait une subvention directe ou indirecte. Il n'y en a pas dans ce projet-là», observe M. Marceau.