Contrairement à la croyance populaire, la fraude commerciale ne cible pas davantage les aînés, affirment des études: en fait, les personnes âgées pourraient bien en être moins victimes que les plus jeunes.

Le psychologue Michael Ross, de l'Université de Waterloo, soutient que des recherches menées par des neurologues et des psychologues ont longtemps porté à croire que les personnes plus âgées risquaient davantage d'être victimes de fraudes, en raison d'une mémoire moins sûre et d'une plus grande facilité à faire confiance aux autres.

Selon M. Ross, toutefois, ces études sont biaisées, puisqu'elles ne se penchent pas directement sur les cas de fraude mais plutôt sur les vulnérabilités potentielles.

Le Dr Ross, qui présentait ses conclusions mardi à Toronto lors d'une conférence sur la mémoire, croit que l'idée voulant que les vieux soient plus facilement bernés a été perpétuée par diverses agences, dont le FBI.

Pour lui, la police fédérale américaine suggère que les gens qui ont grandi durant les années 1940 et 1950 ont été élevés à «une époque plus honnête», qui les rend plus crédules et moins en mesure de refuser des propositions douteuses - comme une pilule «miracle» pour maigrir, ou la nécessité de refaire le toit de la maison.

Non seulement est-ce là une généralisation à outrance, mais c'est aussi de présumer que les gens ne changent pas au cours de leur existence, dit-il.

Plus de 13 200 Canadiens ont signalé à la police qu'ils avaient été victimes de fraudes en matière de marketing l'an dernier, entraînant des pertes totales de près de 58 millions $, mentionne le Centre antifraude du Canada. Ce total ne serait en fait qu'une fraction du véritable nombre de fraudes commises, puisque les crimes du genre sont très rarement signalés.

Parmi les sources utilisées dans l'étude de M. Ross, on retrouve neuf sondages, provenant majoritairement des États-Unis, qui interrogeaient les répondants représentant tous les groupes d'âge sur leurs expériences avec la fraude. Les coups de sonde ont révélé que les aînés étaient moins roulés dans la farine que les groupes d'âge plus jeunes, précise-t-il.

À partir des listes de plaintes annuelles compilées par un organisme américain spécialisé, M. Ross a découvert que les personnes âgées étaient moins susceptibles de contacter le FBI ou d'autres agences pour signaler des cas de fraudes.

Un examen des listes de victimes colligées par des procureurs révèle par ailleurs que divers types de fraudes s'attaquent à différents groupes d'âge.

«Je crois qu'il y a un stéréotype lié à l'âge portant à croire que les personnes âgées sont faibles et plus crédules», dit M. Ross. En fait, les études prouvent que les aînés, en général, sont plus prudents à propos de la façon dont ils dépensent leur argent, effectuent moins d'achats importants et sont généralement peu portés à prendre des risques, ce qui en fait une clientèle moins susceptible à la fraude.