Des groupes de défense des droits des anglophones au Québec estiment que les résultats d'un récent sondage qui suggère que 50 % des non-francophones ont songé à quitter la province au cours de la dernière année reflètent bel et bien la réalité.

Lors d'un témoignage devant un comité sénatorial, mercredi à Ottawa, un représentant du Quebec Community Groups Network (QCGN) a reconnu que les statistiques des années passées ne traduisaient pas nécessairement d'exode considérable.

La migration « affecte un petit nombre de personnes... Environ 1 % des Québécois anglophones vont migrer dans une année », a déclaré le directeur de la politique stratégique du QCGN, Stephen Thompson.

« L'an dernier par exemple, la perte nette du Québec était de 10 000 personnes. Donc dans une population de plusieurs millions, ce n'est pas significatif», a-t-il ajouté.

Mais le directeur général de Voice of English-speaking Québec, Jean-Sébastien Gignac, a affirmé que « ce qu'on voit dans le sondage, malheureusement, on le ressent chez nous ».

« Quand j'entends des gens qui ont été des piliers de notre communauté depuis des décennies commencer [...] à penser à aller ailleurs, pour nous, ça arrache le coeur », a ajouté M. Gignac dont l'organisme oeuvre à Québec.

49 % ont songé à partir

Un sondage de la firme EKOS rendu public par le réseau CBC cette semaine révèle que 49 % des anglophones du Québec, 11 % des francophones et 51 % des allophones ont répondu oui à la question : « Avez-vous sérieusement considéré quitter le Québec dans la dernière année ».

L'incertitude politique est suivie par l'économie comme raison expliquant cette réflexion.

Pour Stephen Thompson, ce n'est pas seulement une question de chiffres, mais aussi « qui part, quelles sont leurs caractéristiques, leur âge, le niveau d'éducation avec lequel ils partent... »

« Quand vous pensez à qui a tendance à quitter, ça a tendance à être des jeunes personnes éduquées, a-t-il souligné. Et ce n'est pas seulement eux qui partent, ce sont les enfants qu'ils auront. »

La directrice générale du QCGN, Sylvia Martin-Laforge, s'est dite préoccupée par la difficulté du Québec à attirer des nouveaux arrivants.

« Je suis inquiète pour tout le Québec par rapport à l'exode de tout ce bon monde qui partirait et qui pense ne pas revenir », a-t-elle dit.

Mais « pour nous tous, ce n'est pas seulement une question des gens qui partent, c'est une question d'attirer des gens. Je pense que la plupart des Québécois veulent que le Québec soit un bon endroit pour venir habiter, travailler et s'amuser... Donc c'est une question d'attirer », a déclaré Mme Martin-Laforge.

Les audiences du comité sénatorial sur les langues officielles portaient sur les impacts des changements récents au système d'immigration.