Le Canada réduit considérablement la participation de ses policiers aux missions de paix. Les corps policiers qui envoient leurs agents à l'étranger ont été avisés que leurs services seraient désormais requis dans une bien moindre mesure.

Mardi, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) célébrera à Port-au-Prince le 25e anniversaire de la participation de policiers canadiens aux missions de paix. « Ils vont célébrer le passé, certainement pas le présent ou l'avenir », se désole Jocelyn Coulon, directeur du Réseau de recherche sur les opérations de paix à l'Université de Montréal.

La contribution canadienne aux missions de paix a considérablement diminué ces dernières années. Si on a atteint un sommet en 2011 avec 267 agents déployés dans une douzaine de missions, ceux-ci n'étaient plus que 112 l'an dernier, soit le plus bas niveau depuis longtemps.

La GRC n'a pas confirmé le nombre de policiers qui seraient déployés à l'étranger en 2014. Le SVPM dit toutefois avoir été avisé que seulement une vingtaine de ses agents seraient nécessaires. C'est beaucoup moins que les 55 agents qui partaient en moyenne chaque année depuis 2008.

La Sûreté du Québec aussi a été avisée d'une réduction. À peine 16 de ses agents prendront part à une mission de paix cette année, contre 25 en moyenne depuis 5 ans.

Au revoir, l'Afrique et l'Afghanistan

Depuis octobre dernier, la GRC ne participe plus à aucune mission des Nations unies en Afrique. Depuis 2004, le Canada maintenait un contingent de neuf policiers en Côte d'Ivoire. Six policiers canadiens ont également été envoyés chaque année en République démocratique du Congo, de 2010 à 2013. La GRC a également « suspendu » sa participation à la mission des Nations unies au Soudan du Sud, le temps de mener une « révision ». Enfin, le Canada mettra fin en mars prochain à 10 ans de présence de ses policiers en Afghanistan, où 41 agents sont actuellement en mission.

Quant à Haïti, où le Canada déploie des policiers depuis 1993, le nombre d'agents sera aussi revu à la baisse. L'ex-ministre de la Coopération internationale, Julian Fantino, avait d'ailleurs soulevé la controverse voilà un an en annonçant le gel de l'aide canadienne à Haïti. « Allons-nous nous occuper de leurs problèmes pour toujours ? Eux aussi doivent se prendre en main », avait-il déclaré en entrevue à La Presse.

Dans un courriel, le ministère des Affaires étrangères, qui gère le programme de policiers en missions internationales, a expliqué que « les déploiements sont revus par les ministres sur une base régulière et [que] les missions reflètent les priorités canadiennes du moment ainsi que les besoins opérationnels. Le nombre de policiers déployés varie au fur et à mesure que de nouvelles missions sont approuvées et [que] d'autres se terminent ».

Désintérêt du Canada

Le directeur du Réseau de recherche sur les opérations de paix à l'Université de Montréal, Jocelyn Coulon, constate un « désintérêt du gouvernement canadien envers les missions de paix ». Les besoins sont pourtant grands, notamment pour des policiers. « De plus en plus, les missions ont besoin de policiers, et en particulier de policiers qui parlent français et anglais, dit M. Coulon. En ce moment, la majorité des missions se font en territoires francophones : Haïti, Liban, Mali, Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo et peut-être bientôt en République centrafricaine. »

L'universitaire souligne que l'ONU planche présentement sur l'envoi de 10 000 Casques bleus en République centrafricaine et cherchera 1000 policiers francophones pour soutenir le travail de la mission.

Une facture de 900 000 $ pour le SPVM

Mine de rien, la réduction de la participation canadienne aux missions de paix coûtera 900 000 $ au SPVM en 2014. En effet, le gouvernement fédéral remboursait la totalité du salaire des policiers déployés. Or ceux-ci, qui cumulaient plusieurs années d'expérience, étaient remplacés par de jeunes agents touchant des salaires beaucoup moins élevés.