Le ministre d'État à l'Agriculture, Maxime Bernier, est pris à partie par le Bloc québécois pour une déclaration qu'il a faite au journal La Terre de chez nous.

Appelé à commenter la façon dont son gouvernement gère la crise de la diarrhée épidémique porcine, le ministre Bernier a dit qu'on ne pouvait demander aux camionneurs qui arrivent des États-Unis de prendre une douche et de laver leurs vêtements, en plus de nettoyer et de désinfecter leurs camions.

«Parce que nous sommes dans un pays libre. Il y a des droits à respecter, la liberté individuelle. On ne peut pas obliger un individu à prendre une douche, à changer de vêtements. Il y a une charte qui existe, la Charte canadienne des droits et libertés, et on la respecte», peut-on lire dans l'édition du 4 février de La Terre de chez nous.

Le député bloquiste André Bellavance juge la déclaration tout à fait «ridicule» et «farfelue».

«On constate que c'est un gars qui ne connaît pas le dossier», a accusé M. Bellavance à la sortie des Communes, vendredi.

«Il a été nommé ministre d'État à l'Agriculture pour parler français parce que M. (Gerry) Ritz ne parle pas français. Donc, il n'aurait pas dû parler», a ajouté M. Bellavance.

La chef de cabinet de M. Bernier, Déborah Levy, a tenu à replacer la réponse du ministre d'État dans son contexte.

«Au cours de l'entrevue, le ministre insiste sur l'importance des mesures de biosécurité mais apporte une nuance quant à la nature du virus qui se propage également sur les vêtements, les gants ou les bottes des camionneurs, et non uniquement sur les véhicules, ce qui augmente les risques de propagation en dépit des mesures de biosécurité à la frontière», a écrit Mme Levy dans un courriel envoyé vendredi soir.

«La question du journaliste fait référence à une obligation qui serait faite aux personnes, les camionneurs, de se laver eux aussi, et c'est à cette question que le ministre répond en citant la Charte. Sa réponse ne concerne pas les mesures de désinfection des camions qui sont en vigueur et sur lesquelles le ministre insiste au contraire», a-t-elle ajouté.

Loin des querelles politiques, le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault, a affirmé qu'on multipliait les efforts, au Québec, pour prévenir l'arrivée de la maladie dans la province. Des camions sont inspectés, des remorques sont testées, les transporteurs collaborent. Le 24 janvier, une remorque où le virus a été décelé a été désinfectée.

«C'est pour ça qu'on fait ça, c'est pour immédiatement couper le cycle», a expliqué M. Boissonneault en entrevue téléphonique.

Mais M. Boissonneault n'est pas satisfait de la contribution du gouvernement fédéral à l'exercice.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) donne maintenant aux vétérinaires l'autorisation d'importer et d'administrer un vaccin américain qui n'est pas encore disponible au Canada.

«Le vaccin n'est pas là pour la prévention. Il est là pour atténuer une crise de DEP (diarrhée épidémique porcine) qui sévit dans un élevage. Et il est très »questionnable« (quant à) efficacité», a dit M. Boissonneault.

«Nous, on continue (...) à croire que la prévention est le gage de la réussite», a-t-il martelé.

Il calcule que 600 tests sont faits par semaine dans les fermes, les remorques ou les abattoirs. À 40 $ le test, la facture grimpe rapidement. Il jugerait bienvenue une aide financière du gouvernement fédéral.