L'ex-magnat de la presse Conrad Black, qui a purgé une peine de prison aux États-Unis, a été exclu de l'Ordre du Canada, a annoncé le gouverneur général vendredi.

M. Black a également été révoqué du Conseil privé de la Reine pour le Canada, sur recommandation du premier ministre Stephen Harper.

L'annonce a été faite vendredi soir dans un communiqué succinct du gouverneur général, David Johnston.

Un comité consultatif s'est réuni vendredi après-midi pour faire ses recommandations à M. Johnston, a affirmé la porte-parole du gouverneur général, Marie-Pierre Bélanger.

La juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverley McLachlin, et le greffier du Conseil privé, Wayne Wouters, faisaient notamment partie du conseil.

Cette décision signifie que M. Black ne peut plus utiliser les initiales O.C. et P.C. après son nom. Mme Bélanger a aussi indiqué qu'il devait rendre son insigne à l'Ordre.

«Les insignes de l'Ordre du Canada demeurent la propriété de l'Ordre en tout temps, a-t-elle expliqué. Elles sont remises en signe de confiance envers les membres de l'Ordre, comme un signe visible de leur titre et une marque d'estime. Lorsqu'un membre n'est plus dans l'Ordre, soit parce qu'il est mort ou sur décision du gouverneur général, l'insigne revient à l'Ordre.»

En novembre, la Cour d'appel fédérale avait rejeté une demande de Conrad Black, qui voulait s'adresser personnellement au Conseil consultatif de l'Ordre du Canada chargé d'évaluer sa révocation. M. Black avait la permission de faire des demandes par écrit, a souligné Mme Bélanger.

Le conseil de 11 membres a révisé l'appartenance de M. Black à l'Ordre du Canada après ses condamnations pour fraude et entrave à la justice en 2007 aux États-Unis. Il avait obtenu la plus haute distinction canadienne en 1990.

Cinq autres Canadiens - Alan Eagleson, David Ahenakew, T. Sher Singh, Stephen Fonyo Jr. et Garth Drabinsky - ont été exclus de l'Ordre du Canada dans le passé. Le bureau du gouverneur général a indiqué que les décisions dans ces cas étaient motivées par diverses raisons, notamment pour avoir été condamné pour un délit, pour avoir fait des gestes inappropriés pour un détenteur du titre, ou pour avoir été réprimandé ou mis à l'amende par une organisation professionnelle.

Conrad Black a été impliqué dans une série de batailles judiciaires liées à ses condamnations pour fraude et entrave à la justice alors qu'il était à la tête du groupe de presse Hollinger.

M. Black a fait valoir à plusieurs reprises que les procédures judiciaires intentées contre lui aux États-Unis étaient la conséquence de poursuites injustes, en soulignant que des cours d'appel avaient par la suite renversé deux des trois condamnations pour fraude qui le visaient, avec deux autres dirigeants de Hollinger.

Il a finalement purgé une peine de 37 mois de prison en Floride, avant de revenir au Canada en mai 2012. Il est revenu en vertu d'un permis temporaire spécial puisqu'il n'est plus Canadien, après avoir renoncé à sa citoyenneté canadienne en 2001 afin d'être nommé à la Chambre des lords britannique.

M. Black réside présentement à Toronto, où il écrit une chronique pour le National Post et coanime une émission d'affaires publiques.