Pas moins de 500 viaducs considérés comme à risque de perdre des morceaux de béton, comme le viaduc Henri-Bourassa Ouest au-dessus de l'autoroute 40 à Montréal, seront inspectés d'urgence par le ministère des Transports un peu partout au Québec.

«Inacceptable.» C'est ainsi que le ministre des Transports du Québec, Sylvain Gaudreault, qualifie cet incident. «Nos inspecteurs se rendront sur l'ensemble des sites qui posent problème avant jeudi. Un rapport sera déposé d'ici le début de la fin de semaine», a expliqué le ministre à La Presse.

À l'avenir, des inspections seront effectuées plus fréquemment, même en hiver. Le Ministère croit que les écarts de température extrêmes jouent un rôle dans la détérioration du béton de surface.

«Nous ferons des inspections de façon plus régulière, et non seulement aux périodes de gel et de dégel. On va les faire en plein hiver, c'est une nouvelle façon de faire. Mais nous ne sommes pas trois millions d'employés au ministère des Transports, c'est pour ça que nous voulons augmenter notre expertise en structure», a expliqué M. Gaudreault.

«Nous allons actualiser notre protocole d'intervention sur les structures pour que les alertes météo soient prises en considération. Habituellement, nous menons des opérations de sécurisation des structures une à quatre fois par année. Maintenant, nous le ferons en plus lors de grands écarts de température», a précisé plus tôt hier la porte-parole du MTQ, Caroline Larose.

Les infrastructures comme le viaduc Henri-Bourassa sont vieillissantes, et leur entretien coûte cher au gouvernement. Selon les données fournies par le ministre, 5,6 milliards de dollars seront investis dans le réseau routier d'ici deux ans, dont 2,6 milliards uniquement consacrés à la conservation des structures.

Le MTQ est responsable en tout ou en partie de 5294 structures telles que des ponts, des viaducs et des tunnels.

De ce nombre, 362 nécessitent un remplacement, 263, des travaux majeurs et 942, des réparations, comme c'est le cas du pont d'étagement Henri-Bourassa.

Afin d'éviter que les nouvelles constructions s'effritent et deviennent dangereuses avec le temps, Sylvain Gaudreault croit qu'il faut considérer l'utilisation d'autres matériaux que le béton.

«Il faut envisager d'autres façons de construire nos infrastructures. On peut continuer à utiliser du béton dans certains cas, mais pourquoi ne pas utiliser également le bois? Ou l'aluminium? La clé, c'est d'utiliser le bon matériau à la bonne place», a affirmé le ministre.

Tirs de l'opposition

Plus tôt hier, le porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière de transports, Éric Caire, s'était fait cinglant envers le MTQ.

«C'est la septième fois depuis 2010 qu'au Québec un morceau de béton se détache d'un viaduc, tombe sur la chaussée et menace la sécurité des citoyens. Depuis les événements de la Concorde, on aurait été en droit de s'attendre à ce que le ministère des Transports ait réglé une bonne fois pour toutes cette situation-là. Il semble qu'encore une fois ce ne soit pas le cas. Et aujourd'hui (au viaduc Henri-Bourassa), s'il n'y a pas de mort, s'il n'y a pas de blessé, c'est par chance uniquement. [...] Le Ministère a entre ses mains un rapport qui, à cinq reprises, dit que ce viaduc-là menace de façon très importante la sécurité des usagers, et ça, depuis 2012», a affirmé M. Caire.

Du côté de la Ville de Montréal, qui est en partie responsable du viaduc Henri-Bourassa, on a sécurisé les parapets et garde-corps hier.

«Nous avons installé un dispositif de retenue en bois, fixé sur les parties saines de la structure, pour empêcher la chute de pièces de béton», a expliqué Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville. Rappelons que lors d'inspections passées, ces composants sous la responsabilité de Montréal ont été identifiés comme étant désuets et présentant un risque pour les usagers.

«Nous prévoyons effectuer une réparation permanente en collaboration avec le MTQ, mais il n'y a pas encore de date fixée», a poursuivi M. Sabourin.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard