À quelques jours d'une première visite de Stephen Harper au Moyen-Orient, Ottawa nomme une nouvelle ambassadrice en Israël - une avocate de Toronto qui s'est montrée récemment très critique envers l'Autorité palestinienne.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a présenté mercredi aux médias sa nouvelle recrue, Vivian Bercovici, en signalant que ça ne devrait étonner personne qu'elle soit un ardent défenseur d'Israël.

«On a nommé quelqu'un avec la même politique que le gouvernement du Canada», a-t-il lancé, signalant qu'il ne fallait pas y voir de changement.

«Je pense que ce ne sera pas un gros choc pour personne que le Canada est un grand défenseur d'Israël», a-t-il également noté.

Mme Bercovici a notamment étudié à l'Université hébraïque de Jérusalem au début des années 1980 et pratique le droit depuis près de 25 ans. Elle a toutefois très peu d'expérience gouvernementale ou diplomatique.

La chronique qu'elle tient toutes les deux semaines dans le Toronto Star depuis un an permet d'avoir un aperçu de ses prises de positions à l'égard de cette région du monde déchirée par les conflits. Elle y a notamment vanté les mérites du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, alors qu'elle juge que l'Autorité palestinienne n'a aucune intention réelle de négocier un accord de paix.

«Le leadership palestinien, entre temps, poursuit avec son message non équivoque - appelant à la destruction d'Israël - disséminé ouvertement dans des forums politiques, dans les médias contrôlés de façon serrée et enseigné librement dans les écoles et universités», écrivait Mme Bercovici dans un billet rédigé en janvier 2013.

Elle poussait la note plus loin, en critiquant les positions américaines et britanniques sur ce conflit.

«Les leaders occidentaux, dont le président Barack Obama et le secrétaire d'État du Royaume-Uni William Hague, qui considèrent Israël comme un empêcheur de tourner en rond dans (le processus) de paix, défient la logique», concluait-elle.

Sa nomination a été annoncée en grande pompe, le ministre ayant convoqué la presse pour une «annonce importante», alors que les nominations diplomatiques font généralement l'objet de simples communiqués.

Selon le politologue Sami Aoun, professeur à l'Université de Sherbrooke, Mme Bercovici devra mettre de côté ses opinons personnelles et adopter un langage plus diplomatique allant de pair avec ses nouvelles fonctions.

«Si on voit les éditoriaux et les commentaires qui ont été formulés quand elle publiait, c'est bien évident qu'elle a une position plutôt éditorialiste et en appui du gouvernement israélien», a-t-il noté.

M. Aoun signale que le Canada demeure en faveur de la création d'un État palestinien indépendant et prospère, «ce qui n'est pas clair dans le récit et dans le discours de Mme Bercovici». Elle devra s'arrimer à la position officielle du Canada pour mener à bien son mandat, a expliqué le politologue.

La nomination de Mme Bercovici survient dans un contexte où le secrétaire d'État américain John Kerry mène des pourparlers entre Israéliens et Palestiniens en faveur d'un plan pour la paix.

Mais les embûches sont nombreuses. Après son départ de la région cette semaine, le gouvernement israélien a annoncé qu'il allait de l'avant avec la construction de 272 nouveaux appartements dans les colonies de Cisjordanie. Ce geste a été perçu comme de la mauvaise foi par des militants en faveur de la paix dans la région.

Invité à se prononcer sur l'élargissement des colonies juives, M. Baird a adopté un ton réprobateur, sans toutefois les condamner catégoriquement.

«Nos positions sont très connues de nos interlocuteurs israéliens. Nous pensons que l'action unilatérale d'un côté ou de l'autre n'est d'aucune aide», a-t-il souligné.

Invité à préciser sa pensée, M. Baird a refusé d'élaborer, affirmant qu'il n'allait pas se joindre à une surenchère internationale.

Photo CBC