Que fait-on du mobilier d'une église quand elle ferme? Où vont les bancs, les bénitiers, les autels, les porte-cierges, les encensoirs, les crucifix et les statues qui n'ont plus de toit pour les accueillir?

Sauf exception, la plupart de ces objets échouent dans les réserves de l'évêché.

Cet endroit, dont l'emplacement est tenu secret par le diocèse pour éviter les vols et le vandalisme, existe depuis 1978.

On y retrouve environ 3000 objets de tailles et de provenances diverses, parfois d'origine inconnue. Certains sont dans un état pitoyable et mériteraient d'être restaurés. Les autres sont prêts à être réutilisés et attendent de trouver un foyer d'accueil.

«Tout ce qui entre ici est fait pour ressortir et servir au culte. C'est fait pour aider les paroisses qui n'ont peut-être pas les moyens d'acheter du neuf», explique Caroline Tanguay, responsable de l'art sacré et du patrimoine religieux au diocèse de Montréal.

Avec toutes les églises qui ferment leurs portes, on pourrait croire que ce sous-sol encombré et éclairé au néon ne fait que se remplir et accumuler la poussière.

Apparemment, ce n'est pas le cas.

À quelques exceptions près, rares sont les objets qui traînent ici pendant des années. Selon Mme Tanguay, il y aurait même un assez bon roulement dans cette curieuse réserve.

«On ne tient pas de statistiques là-dessus, souligne-t-elle. Mais je peux vous dire que cette année, il n'y a pas tant d'objets qui sont entrés et qu'il y en a beaucoup qui sont sortis. Dès qu'une église veut remplacer un objet qui a été brisé ou endommagé, elle nous appelle...»

Mme Tanguay affirme avoir un nombre particulièrement élevé de demandes pour les statues de plâtre, celles de Marie, Joseph et sainte Thérèse de Lisieux, en particulier. Quand le frère André a été canonisé, elle a reçu des tonnes de requêtes pour sa statue. Idem pour Kateri Tekakwitha à l'automne 2012. «Hélas, je n'avais rien en stock.»

Les objets cassants comme les burettes sont aussi souvent demandés, tout comme les réservoirs à eau bénite, les crucifix, les lectionnaires, les tabernacles, les vêtements liturgiques et même les ressorts servant au mécanisme des luminaires.

Pas à vendre!

Il va sans dire que tout ce trésor est strictement réservé à l'usage liturgique. Pas question de le vendre à des antiquaires, même s'il arrive que certaines églises écoulent leur stock en douce, histoire d'arrondir leurs fins de mois.

«On a vu ça dans les campagnes, entre autres, déplore Mme Tanguay. Mais c'est techniquement interdit, car ces antiquités sont sacrées.»

Avis aux intéressés: si vous possédez des objets liturgiques appartenant à votre grand-mère décédée et que vous ne savez pas quoi en faire, ne les vendez pas: donnez-les au diocèse! Mme Tanguay aime mieux les récupérer que de les voir jetés ou utilisés à des fins commerciales.

«Ce sont des objets bénis, dit-elle. On ne veut surtout pas que ça finisse à la poubelle ou sur eBay. Alors oui, on va les prendre. On les entrepose. Ils vont sûrement resservir. Comme je vous dis, il y a du mouvement dans nos stocks.»

Les deux anges de Notre-Dame-de-Grâce

Vestiges de l'église Saint Augustine of Canterbury à Notre-Dame-de-Grâce, ces deux anges ont séjourné un bon moment dans le portique de l'église avant d'aboutir dans les réserves du diocèse en 2007, quand l'église a été vendue. Malgré les apparences, leur structure est en bois et non en cuivre. D'où leur état de détérioration avancée.

Les prie-Dieu des soeurs grises

Quand les soeurs grises ont déménagé dans leur nouvelle demeure en 2010, elles se sont départies de ces nombreux prie-Dieu. Certains ont déjà été récupérés pour la chapelle d'un centre hospitalier. Les autres attendent de trouver une nouvelle famille d'accueil...

Les réservoirs à eau bénite

Parce que leur cuve de métal a tendance à rouiller, il faut parfois remplacer les réservoirs à eau bénite. Les réserves de l'évêché en possèdent deux ou trois en bon état, prêts à servir. Photo du cardinal Turcotte non incluse...

Les tabernacles

Pour une raison ou une autre, on a parfois besoin d'un second tabernacle. C'est le cas le Jeudi saint, alors que le ciboire est relégué à la sacristie. Comme on peut le voir ici, les réserves du diocèse ne manquent pas de modèles. Dites-leur quel est le style de votre église, et ils vous trouveront le tabernacle assorti...