L'Ordre des ingénieurs a décidé de passer outre à ses membres, qui lui avaient refusé en juin une hausse de la cotisation annuelle pour payer les nombreuses enquêtes d'éthique en cours.

L'ordre professionnel a annoncé hier qu'il allait imposer à compter de l'an prochain une cotisation «supplémentaire» de 90$ qui s'ajoutera à la cotisation normale de 310$, pour un total de 400$. En revanche, l'Ordre laisse tomber la cotisation spéciale de 26,20$ demandée depuis quelques années pour financer une campagne publicitaire visant à redorer le blason de la profession.

La cotisation supplémentaire de 90$ rapportera environ 4,5 millions à l'Ordre, ce qui lui permettra de combler une bonne partie du déficit anticipé de 4,9 millions. Elle ne s'appliquera qu'en 2014-2015, mais l'Ordre prévoit déjà demander à ses membres d'approuver une hausse de la cotisation normale pour 2015-2016.

«Courage»

Le conseil d'administration de l'Ordre des ingénieurs a fait preuve de «courage» en agissant de la sorte, a déclaré à La Presse le président de l'organisme, Daniel Lebel.

«Personne ne peut dire que la situation qui touche la profession actuellement n'est pas grave, a-t-il dit. Le Code des professions nous oblige à jouer pleinement notre rôle.»

Le Code, qui régit les ordres professionnels, permet à ceux-ci de décréter une cotisation supplémentaire sans obtenir l'aval de leurs membres quand des questions disciplinaires sont en jeu. En assemblée annuelle, en juin, les ingénieurs avaient rejeté dans une forte proportion la hausse de 100$ proposée par l'Ordre.

Pour faire face à la crise d'éthique qui ébranle le milieu de la construction, le bureau du syndic de l'Ordre a embauché plusieurs enquêteurs au cours des dernières années, y compris six ex-policiers. Quelque 400 enquêtes sur des contributions politiques illégales et 140 autres sur des affaires de corruption ou de collusion sont actuellement ouvertes.