Le candidat au poste de secrétaire général de la FTQ Serge Cadieux ne prend pas à la légère la turbulence des dernières années. Il estime que la centrale doit saisir l'occasion de redonner confiance aux syndiqués en accentuant les changements déjà amorcés.

En tandem avec Daniel Boyer, qui a été choisi lundi pour occuper la présidence de la FTQ à compter de vendredi, Serge Cadieux se pose en redresseur. Le changement de garde doit être mis à profit, dit-il, pour que «les membres retrouvent leur fierté d'être syndiqués à la FTQ».

«On a fait des changements, mais il faut continuer à être vigilants. Il y a toujours des choses à améliorer, par exemple sur les questions de gouvernance. Il ne faut surtout pas prendre ça à la légère», affirme M. Cadieux.

En se présentant comme le candidat de la «continuité», Daniel Boyer pourrait avoir donné l'impression qu'il banalisait quelque peu les événements qui ont mené, entre autres, à des accusations criminelles, la mise sous écoute policière des dirigeants de la FTQ et à un examen détaillé par la commission Charbonneau. Serge Cadieux soutient et répète que ce n'est pas le cas. «Pour nous deux, ce qui s'est passé est inacceptable et ne doit plus se reproduire», dit-il.

«Dupuis et Lavallée [ex-directeur général et ex-président de la FTQ-Construction] ne sont plus là, la gouvernance au Fonds de solidarité a été changée, on a un code d'éthique au bureau de direction de la FTQ. C'est peut-être pas suffisant, mais on a fait des choses», ajoute M. Cadieux.

De nouvelles règles

Du même souffle, il donne l'assurance que de nouvelles règles seront adoptées. «Il faut se reconnecter avec notre monde et leur dire que c'est pas ça, la FTQ. Il faut prendre les mesures nécessaires», dit-il.

Cela implique notamment le Fonds de solidarité, souligne M. Cadieux. Un comité d'experts indépendants a été mandaté pour revoir les règles de gouvernance du Fonds. Un rapport est attendu en mars prochain.

Il n'est toutefois pas question pour M. Cadieux qu'il y ait moins de syndicalistes au conseil d'administration du Fonds puisque «60% des adhérents proviennent du mouvement syndical». «Mais, est-ce qu'il faut que le président de la FTQ préside aussi le Fonds? Ce n'est pas une religion pour moi», précise-t-il.

Deux adversaires

Quelques heures avant l'entrevue avec La Presse, Serge Cadieux et Daniel Boyer continuaient leur tournée des différentes délégations syndicales. Si le sort de M. Boyer est réglé, il en va autrement pour M. Cadieux, qui a deux adversaires: Claude Généreux du SCFP et Michel Parent des cols bleus de Montréal. Le vote aura lieu vendredi.

Devant une vingtaine de membres de l'Association internationale des machinistes et travailleurs de l'aéronautique (AIMTA), MM. Boyer et Cadieux ont expliqué l'importance de travailler en équipe pour renverser la vapeur.

«Il faut faire la manchette tous les jours, comme on l'a fait depuis trois ans, mais pas pour les mêmes raisons. On a une job d'image à faire et c'est avec vous que ce sera possible», a affirmé M. Cadieux, qui a été applaudi.