Si certains Canadiens détenus à l'étranger font la manchette, tels les Ontariens John Greyson et Tarek Loubani, récemment rentrés au pays après avoir croupi dans une cellule en Égypte, ou encore les militants de Greenpeace Alexandre Paul et Paul Ruzycki emprisonnés en Russie, nombreux sont ceux qui ne profitent pas d'un aussi large réseau de partisans.

Selon les plus récentes données du ministère fédéral des Affaires étrangères, datées du 10 octobre, on compte 1590 Canadiens détenus dans des prisons à l'extérieur du pays.

La vaste majorité d'entre eux, soit 1097 prisonniers canadiens, sont incarcérés aux États-Unis. Les autres se retrouvent derrière les barreaux dans plus de 85 pays différents.

Le ministère des Affaires étrangères a refusé de fournir des détails sur la détention de ces ressortissants ou sur la durée de leur emprisonnement. On ne connaît pas non plus le nombre de cas de détention actuellement contesté par les autorités fédérales.

Des organismes de défense des droits de la personne continuent toutefois de garder à l'oeil quelques-uns de ces dossiers de Canadiens détenus, selon eux, sans motif valable ou encore victime de violation de leurs droits.

Dans bien des cas, il faut plusieurs années d'efforts avant de réussir à rapatrier ces ressortissants.

Plus tôt ce mois-ci, Hamid Ghassemi-Shall a pu rentrer au pays après 64 mois de détention dans une prison de l'Iran, dont une année en isolement.

Après avoir fui la révolution iranienne de 1979, l'homme s'était établi à Toronto, où il travaillait comme vendeur de chaussures. En 2008, il a été arrêté par les autorités et accusé d'espionnage alors qu'il se trouvait en Iran pour visiter sa mère souffrante. Hamid Ghassemi-Shall aurait pu écoper de la peine capitale, mais la pression internationale, dont un flot de lettres de partisans envoyées au gouvernement iranien, pourrait avoir contribué à le maintenir en vie, selon Amnistie Internationale Canada.

Dans chacun de ces cas, il faut user d'une stratégie différente en fonction des particularités du dossier, précise le porte-parole d'Amnistie Internationale Canada, John Tackabarrey.

Cela peut se traduire par un blitz de relations publiques ou encore par de manoeuvres discrètes en coulisses. La plupart de ces Canadiens n'attirent pas le centième de la médiatisation entourant l'affaire Greyson-Loubani, a-t-il souligné, ce qui rend leur tâche plus difficile en matière de sensibilisation de la population ou de pression à exercer auprès du gouvernement.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a joué un rôle déterminant dans la détention de ces deux hommes, affirmant dans les semaines précédant leur libération que les «Canadiens ont besoin de savoir que leur gouvernement ferait absolument tout ce qui était en son pouvoir».

«Leur campagne de médias sociaux était très bien orchestrée, et ils avaient une pétition de 150 000 signatures», a mentionné M. Tackaberry. Des histoires semblables à celles des Ontariens n'ont pas eu la même résonance auprès de la population.