La fronde contre Michel Arsenault prend de l'ampleur. Au terme de trois heures de délibérations, jeudi, une majorité de membres de la section québécoise du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a demandé le départ du président de la FTQ aux élections de novembre prochain.

C'est une gifle importante pour le président Arsenault qui était descendu expressément de Montréal, pour défendre en personne sa direction, et ce durant une heure. À l'origine, sa présence n'était pas prévue à la réunion à huis clos.

«Ce qui fait consensus, c'est que la question de la présidence de la FTQ va se régler sur le plancher du congrès. Notre constat, c'est qu'il y a une majorité de secteurs qui, après avoir entendu M. Arsenault, ont indiqué clairement qu'ils n'ont pas l'intention de renouveler le mandat du président actuel», a résumé Denis Bolduc, président du SCFP pour le Québec.

Pour lui, plusieurs des 50 personnes réunies à huis clos hier soir ont relevé que l'image de la FTQ avait été malmenée sous la gouverne d'un président plongé dans la controverse, mis sur la sellette à la commission Charbonneau. «C'est vraiment autour de l'image», résume M. Bolduc. M. Arsenault «a pu au moins s'expliquer, a parlé de plusieurs choses tournant autour de la commission Charbonneau», s'est contenté d'ajouter M. Bolduc, insistant sur le caractère civilisé des échanges.

Applaudi

La semaine dernière, seulement deux des 10 groupes (le secteur des communications et celui des transports terrestres) qui forment le SCFP au Québec étaient opposés à la présidence de M. Arsenault. Ils sont désormais majoritaires (plus que cinq syndicats). La réunion d'hier soir indique clairement que, loin de se résorber, le mouvement de contestation s'est répandu au sein de la centrale. Le SCFP, avec 110 000 membres, est le plus important syndicat affilié au sein de la FTQ, mais compte pour environ le cinquième des membres au Québec. Chacun des 10 groupes du SCFP est libre de ses choix au congrès de la FTQ.

Venu rencontrer les dirigeants du SCFP, M. Arsenault a quitté la réunion après un plaidoyer d'une heure environ, au terme duquel il a été applaudi. Clairement, à ce moment-là, il ne s'attendait pas à être désavoué par une majorité de syndicats deux heures plus tard. «Je suis content de la réunion», a-t-il commenté avant de rentrer à Montréal.

«On ne me reproche pas grand-chose, on voulait des explications, ma version des faits, et mes explications semblent faire l'affaire. Je ne suis pas tombé dans l'escalier ce matin. Je fais face à la musique!», a soutenu le président de la centrale, une allusion à la chute faite par Ken Pereira, son principal détracteur, un incident qui a forcé la suspension de son témoignage à la commission Charbonneau. Il est convaincu que 20 ou 25 syndicats sur la quarantaine que compte la FTQ l'appuient toujours.