Charlevoix est en deuil de son plus illustre citoyen. Celui que ses employés du domaine Laforest de Sagard appelaient «Monsieur» laisse dans son sillage charlevoisien beaucoup de reconnaissance et de respect.

«C'était un grand citoyen. Le Canada, le Québec et Charlevoix perdent un grand homme», résume l'ancien maire de Saint-Siméon Pierre Asselin, qui a travaillé au domaine de Sagard il y a plus de 30 ans à titre d'entrepreneur. «J'ai plusieurs anecdotes, mais tu comprendras que je les garde pour moi», avertit l'homme d'affaires à la retraite, montrant une pudeur que partage l'ensemble des Charlevoisiens qui ont côtoyé l'homme d'affaires.

«Je l'ai connu quand j'ai fait de la construction pour lui, à son arrivée dans la région», relate M. Asselin. «C'était un homme généreux et facile d'approche. Il s'informait toujours de mon travail, de ma famille, comment j'organisais ma vie. C'était un peu comme un père», se souvient M. Asselin, qui constatera les bienfaits de la présence de ce mécène sur le territoire dans le cadre de ses fonctions de maire et de préfet.

«Notre industrie»

Saint-Siméon est le village voisin de la localité de Sagard, où la famille Desmarais possède son domaine. Une vaste propriété de quelque 75 kilomètres carrés pourvues d'une trentaine de lacs sur laquelle se trouvent une quarantaine de bâtiments ainsi qu'un terrain de golf de 18 trous et un manoir construit au coût de 40 millions en 2003 et que M. Desmarais habitait en permanence depuis.

«Le domaine Laforest, pour nous, c'est notre principale industrie, même si elle n'a pas de cheminées», illustre l'actuel maire du village, Sylvain Tremblay. En haute saison, de 150 à 200 travailleurs prennent la route de Sagard pour travailler au domaine Laforest. Pour les résidants du secteur, la famille Desmarais fait partie du décor, de la famille. Certains vont jusqu'à donner le nom de «mon oncle Paul» au patriarche disparu. «Nous sommes en deuil. Les gens ne parlent que de ça au village», constatait Claire Chamberland.

Il y a quatre ans, Sylvie Foster a travaillé pour la famille Desmarais. Depuis l'annonce du décès de "Monsieur", plusieurs souvenirs lui reviennent en tête. «Ma belle-mère travaillait pour lui à l'époque et elle était veuve. À un moment, elle avait fait faire des travaux sur sa maison. M. Desmarais avait pris la peine de venir voir chez elle si tout allait bien, si les travaux se passaient bien», évoque-t-elle, se souvenant que l'homme avait à coeur l'éducation. «Le décrochage scolaire, il avait de la misère avec ça. C'était un chic type. Son départ nous affecte tous», témoigne-t-elle.

Au fil des ans, M. Desmarais et sa famille ont développé des relations privilégiées avec certains Charlevoisiens, notamment des membres du personnel de l'Hôpital de La Malbaie. Les concitoyens de M. Desmarais avaient des mots de sympathie pour la famille et des commentaires chaleureux pour celui dont il respecte l'humanité et l'attachement à la région. Si au final peu de Charlevoisiens ont eu le privilège de côtoyer personnellement «ce grand citoyen», tous ceux rencontrés à la suite de l'annonce de son décès ont confié lui vouer respect et reconnaissance.