Le débat sur la Charte des valeurs québécoises traverse les frontières et passionne aussi les gens ailleurs au Canada, témoigne l'anthropologue Yara El-Ghadban. Elle croit que la Charte des valeurs attise l'intolérance et que les incidents du genre sont plus fréquents, même chez les anglophones canadiens.

« C'est plus flagrant parce que les gens pensent que c'est maintenant permis de chasser les minorités visibles de l'espace public. Puisque l'État dit que c'est permis dans ses institutions, pourquoi se limiter à cela? Et tant qu'à faire, pourquoi limiter l'intolérance au voile?», s'interroge-t-elle. Cette position est toutefois nuancée par Rachad

Antonius, sociologue et directeur adjoint de la Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Selon lui, les passagers de l'autobus où la femme a été agressée verbalement la semaine dernière ont peut-être eu peur ou ont pensé qu'intervenir pouvait empirer la situation.

« Je crois toutefois que le débat actuel fait en sorte qu'on a rendu légitime ce genre de réactions. Même s'il y a toujours eu de tels événements. Il existe des cas documentés de femmes voilées qui ont été agressées. Je ne pense toutefois pas que les passagers de l'autobus étaient d'accord avec ce que l'homme disait», explique M. Antonius. Les Ontariens sont en général perplexes par rapport au débat identitaire québécois. Selon Peter John Loewen, professeur de science politique à l'Université de Toronto, l'enjeu de la place de la religion dans la société est presque inexistant dans sa province. « Les Ontariens n'utilisent pas vraiment le terme accommodements et les gens ne sont pas inquiets par la diversité religieuse dans la sphère publique.