Un ombudsman du fédéral prévient que le nombre de blessures auto-infligées a triplé dans les établissements carcéraux fédéraux depuis que la jeune Ashley Smith s'est autoasphyxiée dans sa cellule en 2007.

Un rapport du Bureau de l'enquêteur correctionnel du Canada demande aux prisons fédérales de traiter l'automutilation d'abord et avant tout comme un enjeu lié à la maladie mentale plutôt qu'un risque pour la sécurité ou le contrôle.

Il y a eu 901 incidents répertoriés du genre impliquant 264 détenus en 2012-2013.

Depuis 2005, Services correctionnels Canada a dépensé environ 90 millions $ pour financer de nouveaux programmes de santé mentale, mettre en opération des systèmes informatisés d'évaluation de la santé mentale des détenus lors de leur admission, former des ressources de première ligne et améliorer les partenariats avec la communauté, souligne le rapport.

«Néanmoins, depuis la mort d'Ashley Smith en octobre 2007, ces initiatives ont amené peu de progrès dans la gestion et le traitement des femmes s'automutilant régulièrement dans les prisons fédérales», note le rapport.

«Un certain nombre de défis demeurent, sur le plan des politiques, de la capacité, des opérations et des infrastructures.»

Le rapport révèle que les approches communément utilisées - du gaz poivré et des interventions physiques - ne font que contenir ou réduire le risque immédiat de blessure; elles ne s'attaquent pas aux symptômes sous-jacents de maladie mentale apparente dans plusieurs cas.

De plus, le rapport démontre que les détenus à risque sont souvent placés en cellule d'isolement, alors que ces personnes «hésitent à parler de leurs pensées liées à l'automutilation de peur d'être punies et isolées».

Le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, s'est contenté de réitérer dans un communiqué les commentaires de son prédécesseur, Vic Toews, affirmant que «les prisons ne sont pas l'endroit approprié pour traiter les gens aux prises avec des maladies mentales sérieuses». Il a ajouté que le gouvernement allait continuer de coopérer avec les provinces et les territoires.

Des 264 détenus qui ont fait des gestes d'automutilation, 17 individus - dont neuf femmes - comptaient pour 40 pour cent des incidents.

L'enquête précise qu'un nombre particulièrement élevé de détenues autochtones s'auto-inflige des blessures, incluant l'auto-strangulation et le fait de se couper la peau ou de se cogner la tête sur des objets.

Les femmes autochtones comptent pour près de 45 pour cent des incidents d'automutilation chez les détenues.