La famille Alvarez Rivera de Laval, originaire du Salvador, a échoué dans son ultime tentative devant les tribunaux pour faire suspendre l'ordre de déportation émis contre elle. Maintenant, seul le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, peut intervenir en sa faveur.

Si le ministre n'use pas de ses pouvoirs discrétionnaires, la famille doit faire ses bagages et prendre l'avion samedi, au petit matin.

Les parents et leurs trois filles avaient déposé lundi une demande devant la Cour fédérale pour que soit suspendu l'ordre de déportation, en attendant que leur cause soit revue par un tribunal canadien, notamment à la lumière de nouvelles preuves.

Le tribunal a rejeté la demande jeudi après-midi.

Contacté peu après, le ministre Blaney ne donnait pas de signes qu'il allait intervenir.

«Une évaluation du risque a été effectuée par les experts responsables au sujet de leur pays d'origine. Le ministre respecte le jugement rendu par la Cour fédérale», a répondu un porte-parole du ministre, Jean-Christophe de Le Rue, lorsqu'on lui a demandé si le ministre allait user de ses pouvoirs pour permettre à la famille de rester au Canada.

Les membres de la famille ont demandé le statut de réfugié. Mais leur demande d'asile a été refusée parce que les autorités canadiennes ne les jugent pas suffisamment en danger, a rapporté la députée néo-démocrate Rosane Doré Lefebvre, qui représente la circonscription de Laval où ils habitent.

La famille se dit victime de menaces et d'extorsion de la part de gangs de rue dans son pays d'origine.

L'avocat de la famille, Vincent Desbiens, a expliqué que parmi les nouvelles preuves qui seraient présentées pour soutenir la demande de statut de réfugié, se trouvent des informations permettant de confirmer l'authenticité d'un récent rapport de la police du Salvador. Celui-ci indique que la sécurité de la famille est bel et bien menacée par des gangs de rue, et que les forces policières ne sont pas en mesure d'assurer sa protection.

Il y aurait aussi des informations qui confirment que la famille a bénéficié d'un programme de protection des témoins au Salvador, ce qui n'aurait pas été offert si le danger n'était pas présent, plaidera Me Desbiens.

La demande a été rejetée jeudi car la Cour fédérale a jugé que les membres de la famille n'ont pas «démontré l'existence d'un préjudice irréparable s'ils devaient être retournés dans leur pays» et que le danger a déjà été analysé à plusieurs reprises. La Cour a aussi conclu que c'est la famille elle-même qui a demandé à être retirée du programme de protection des témoins.

Les collègues de classe des deux plus jeunes filles, Rebeca et Veronica Alvarez Rivera, ont multiplié les démarches pour pouvoir garder la famille au pays.

Cette semaine, ils ont réalisé des vidéos à l'attention du ministre Blaney. Ils réunissent leurs forces pour mobiliser la population et faire envoyer au ministre un maximum de courriels qui renvoient à ces vidéos, a fait savoir Dominique Mac Conaill, l'animateur de vie spirituelle et d'engagement communautaire de l'École secondaire Mont-de-La Salle qui offre son aide aux jeunes.

Un groupe d'élèves était même allé à Ottawa en juin pour demander au ministre d'accorder à la famille le droit de rester au Canada.