Va pour le droit à la grève, mais encore faudrait-il qu'une loi vienne garantir que les votes dans les assemblées étudiantes se tiennent dans les règles de l'art, a plaidé ce matin la Fédération des cégeps devant la commission sur la crise du printemps 2012.

Jean Beauchesne, président directeur général de la Fédération, a souligné que le respect des règles démocratiques pose problème à l'heure actuelle, ne serait-ce par exemple que par manque d'espace. « Certains cégeps de Montréal comptent 8000 étudiants », a-t-il souligné, « et il manque de lieux physiques » pour tenir des assemblées représentatives. 

Y a-t-il réellement eu quorum? Le vote de grève a-t-il été secret? Y a-t-il eu intimidation? M. Beauchesne a souligné que rien ne le garantit à l'heure actuelle.  Le vote électronique serait peut-être une solution, a-t-il ajouté. 

Alors que quelque 19 cégeps étaient visés par des injonctions obtenues par des étudiants désireux de reprendre leurs cours, les directions n'avaient aucune protection légale semblable à celles dont bénéficient les entreprises en grève ou en lock-out, a aussi rappelé M. Beauchesne. 

Mario Beauchemin, président de la Fédération des enseignants de cégep, est lui aussi d'accord pour dire que la démocratie étudiante devrait s'exercer adéquatement, en s'assurant par exemple que des listes de membres soient établies en bonne et due forme et que personne ne puisse voter deux ou trois fois. 

Ceci étant dit, « il faudrait d'abord reconnaître juridiquement toute la légitimité du droit de grève des étudiants ». 

Au surplus, M. Beauchemin estime qu'une loi devrait  « prévoir des voies de communication entre le gouvernement et les représentants étudiants ». 

Or, au printemps 2012, « comme l'a souligné Martine Desjardins (présidente de la FEUQ) devant la Commission, le gouvernement n'a pas voulu les rencontrer ». 

Sans importer la lourdeur du modèle de négociation dans les secteurs public et parapublic, il faudrait obliger les parties à un dialogue, croit M. Beauchemin. 

Quant à l'idée de tenir des scrutins électroniques dans les cégeps, M. Beauchemin trouve que ce n'est pas souhaitable.  Avant de prendre une décision, il faut qu'il y ait débat, que l'on soit exposé à diverses opinions, chose qui n'est pas possible « quand on est seul devant son ordinateur ». 

Les audiences de la Commission se poursuivent en après-midi.