L'an dernier, les Directions de la protection de la jeunesse du Québec ont reçu pas moins de 221 signalements chaque jour. Globalement, le nombre d'enfants signalés est en hausse de 4%, mais les signalements retenus, eux, sont en légère diminution : seulement 40% de ces appels faits par le public ou l'entourage des enfants sont retenus.

Les directeurs de la protection de la jeunesse, réunis pour une conférence de presse hier, ont reçu 80 540 signalements à travers tout le Québec en 2012-2013. Depuis 10 ans, la hausse des signalements est constante : on recevait 60 091 signalements en 2002. Cependant, le nombre de signalements retenu a peu changé dans la même décennie, passant de 28 087 à 31 948.

Pourquoi cette hausse? «On ne sait pas vraiment. Il y a peut-être un meilleur dépistage. Une plus grande sensibilisation du public. Peut-être plus d'enfants en détresse», dit Michèle Dionne, directrice de la protection de la jeunesse à Montréal. «C'est bon signe que les gens soient plus à l'aise de signaler une situation qui les inquiète. Mais cette inquiétude ne mène pas nécessairement à un enfant qui doit être pris en charge», dit son collègue de la région de Lanaudière, Éric Salois.

La problématique la plus fréquente : la négligence et le risque sérieux de négligence, qui forment pas moins de la moitié des signalements retenus. Cependant, à Montréal, le portrait est différent. Pour la troisième année de suite, les abus physiques trônent au haut de la liste des motifs de signalement. 

«C'est une problématique qui ne cesse de gagner du terrain, dit Michèle Dionne. L'augmentation est significative et se maintient. Cependant, des chercheurs mandatés pour se pencher sur les causes du problème ont pu déterminer qu'à Montréal, les blessures infligées aux enfants étaient moins sévères et relevaient davantage de la «méthode éducative déraisonnable» que du mauvais traitement infligé en continu.

Et que se passe-t-il avec ces enfants signalés, mais dont les cas ne sont pas pris en charge par les services de la DPJ? En théorie, ils sont référés à des organismes communautaires ou des instances de première ligne du réseau de la santé. Et en pratique, ça fonctionne? «Il y a encore des listes d'attente qui mériteraient d'être diminuées, dit Michèle Dionne. Parfois, le délai est trop long et la motivation s'étiole. Les gens ne persévèrent pas parce qu'ils n'ont pas reçu de l'aide au bon moment.»