La riposte sur tous les terrains, de la rue au tribunal, contre la charte des valeurs québécoises s'intensifie au sein de la communauté musulmane, avec l'implication active d'Adil Charkaoui.

Le Montréalais, connu pour sa longue lutte contre les certificats de sécurité, a organisé le 24 août une conférence intitulée «La charte des valeurs québécoises: un pas de plus vers l'islamophobie et l'intolérance».

«Au-delà de la charte, c'est surtout le climat malsain que ce débat a pu engendrer et dont les musulmans sont les victimes qui me préoccupe, dit-il à La Presse. Ces derniers jours, j'ai reçu des femmes en pleurs, l'une s'était fait tabasser.»

Saluant les positions prises par Québec solidaire et le PLQ, Adil Charkaoui presse les politiciens de prendre leurs responsabilités, «même si la charte ne passe pas». «Il y a vraiment un devoir d'éducation à faire et pas seulement envoyer un tweet» pour enrayer la montée du racisme, dit-il, rappelant la mosquée vandalisée à Saguenay.

Julius Grey

L'avocat constitutionnaliste Me Julius Grey a aussi été consulté par des membres de la communauté. Le Conseil musulman de Montréal assure d'ailleurs être «prêt à défendre devant les tribunaux les droits de toute personne touchée par une telle législation [...]" qualifiée de raciste et xénophobe.

Mais Me Grey précise qu'il n'y a «aucune possibilité de contestation de la charte», à laquelle il s'oppose lui aussi, «tant que la loi n'est pas adoptée». Mais il prévoit prendre activement part au débat: «Le gouvernement a une bonne idéologie mais emploie de mauvais moyens. [...] Priver des gens de travail, c'est empêcher l'intégration plutôt que la promouvoir», dit-il à La Presse.

Loin du terrain juridique, une manifestation de «rejet» est organisée en grand secret par un mystérieux Collectif québécois contre l'islamophobie (CQCI).

Sur sa page Facebook, ce groupe appelle les Québécois «épris de justice et d'égalité» à manifester le 14 septembre à Montréal «avant qu'il soit trop tard» contre le gouvernement Marois, qui «propose une nouvelle charte liberticide, discriminatoire et islamophobe».

Le CQCI a choisi d'agir dans l'ombre d'ici cette date pour éviter toute «perturbation durant la planification: médias, islamophobes...».

Un courriel adressé par La Presse au CQCI est demeuré sans réponse.

Au bureau du ministre Bernard Drainville, on déplore les «propos et attaques qui ne contribuent pas à élever le débat. Il est normal qu'il y ait des positions contraires exprimées mais on invite tout le monde à le faire dans le respect», réplique-t-on en réaction aux accusations de racisme et xénophobie du PQ.