Le ministre de la Défense de la Chine a effectué une brève visite au Canada la semaine dernière, rencontrant deux ministres du gouvernement Harper alors que les tensions concernant la présumée utilisation d'armes chimiques en Syrie ne cessent de monter au sein de la communauté internationale.

Selon des sources militaires et des médias chinois, le général Chang Wanquan a discuté avec le ministre de la Défense, Rob Nicholson, et le ministre des Affaires étrangères, John Baird, jeudi dernier.

M. Chang a même fait un détour par Kingston, en Ontario, où il a visité le Collège militaire royal du Canada et le Collège d'état-major des Forces canadiennes, avant de retourner à Pékin.

Contrairement aux visites d'autres ministres de puissances étrangères, celle du général chinois a été passée sous silence par le gouvernement conservateur, qui n'a fait aucune déclaration et s'est bien gardé de révéler que les deux pays avaient apparemment décidé d'approfondir leur relation militaire.

Des médias en Chine ont rapporté qu'une entente avait été signée pour favoriser les échanges dans le domaine de la défense et établir un mécanisme permettant à Pékin et Ottawa de discuter d'affaires militaires directement.

Une porte-parole du ministre Nicholson, Geneviève Breton, a confirmé que la rencontre avait eu lieu et décrit l'entente comme un projet de coopération «non contraignant» visant à officialiser un processus déjà en place.

Même si Chang Wanquan et Rob Nicholson n'ont pas parlé de la Syrie, il n'est pas impossible que ce sujet controversé ait été abordé dans d'autres discussions durant le séjour du général en sol canadien.

Rob Huebert, un spécialiste des questions militaires de l'université de Calgary, a affirmé que l'attitude du gouvernement conservateur par rapport à la visite du ministre chinois de la Défense était à la fois curieuse et troublante.

Il a expliqué que, après son arrivée au pouvoir, le gouvernement Harper avait rapidement critiqué la Chine pour sa piètre performance en matière de droits humains et que c'était peut-être pour cette raison qu'il préférait ne pas être vu en train de «fraterniser» avec Pékin pour des raisons de politique nationale, surtout dans le contexte de la crise syrienne.

En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine, de concert avec la Russie, a souvent bloqué les tentatives des pays occidentaux pour organiser une intervention internationale dans le but de mettre fin à la guerre civile en Syrie. Pékin a d'importants liens commerciaux avec le régime de Bachar el-Assad.