En dépit de la catastrophe de Lac-Mégantic, les projets de transport de pétrole par rail sont toujours aussi nombreux au Canada, note une firme financière de Calgary. «La liste de nouveaux projets de terminaux ferroviaires pétroliers s'allonge chaque semaine», affirme Peter Tertzakian, analyste chez ARC Financial Corp., dans une note publiée hier. «Seulement dans les derniers mois, on a annoncé pour 300 000 barils par jour en capacité additionnelle», précise M. Tertzakian.

Selon ARC Financial, qui se spécialise dans les investissements dans le secteur énergétique au Canada, la capacité totale des installations dont l'ouverture était prévue entre 2012 et 2015 atteint 700 000 barils par jour.

Pas d'autorisation requise

Cela est du même ordre de grandeur que les principaux projets de pipeline, comme Keystone XL, Northern Gateway ou Énergie Est. Cependant, contrairement aux pipelines, les projets ferroviaires ne sont soumis à aucune analyse d'impact et n'ont pas à être autorisés par l'Office national de l'énergie.

Les projets ferroviaires sont répartis entre l'Alberta et la Saskatchewan. Ils permettent de transborder le pétrole à partir de pipelines locaux ou de camions.

Le plus récent projet - et aussi le plus important - a été annoncé la semaine dernière. La société pétrolière Gibson Energy s'est alliée au spécialiste de logistique USDG afin de construire un centre de transbordement à Hardisty, en Alberta, point de convergence de plusieurs pipelines canadiens. La capacité de ce terminal atteindra 140 000 barils par jour, ce qui en fera le plus important au pays. Il pourra charger 2 trains de 120 wagons chaque jour.

Une autre entreprise, Canexus, a annoncé un projet à Bruderheim, près d'Edmonton, qui permettrait de charger quotidiennement un train de 118 wagons, pour une capacité de 70 000 barils par jour. Le terminal Canexus est relié au CP et au CN, les deux principaux réseaux ferroviaires canadiens.

En Saskatchewan, qui vit un boom pétrolier, mais a moins accès aux pipelines que l'Alberta, les projets ferroviaires se multiplient également.

La société Altex peut déjà charger un train de 118 wagons par jour et elle prévoit doubler sa capacité cette année, avec trois nouvelles installations en Saskatchewan. Elle a d'autres projets pour 2014.

Plus profitable

C'est donc dire que le nombre de trains transportant du pétrole va continuer d'augmenter. L'avantage financier est très puissant: chaque baril transporté par train rapporte beaucoup plus au producteur de pétrole.

Dans une lettre publiée en mai dernier, Jim Saunders, président de la société pétrolière Twin Butte, explique à ses actionnaires que le fait de transporter 15% de sa production par rail permet à l'entreprise d'obtenir de 6à 8$ de plus pour l'ensemble de sa production. À raison de 14 000 barils par jour, cela représente des dizaines de millions supplémentaires par année pour Twin Butte. Pour cette raison, l'entreprise a annoncé qu'elle doublerait cette année sa capacité d'expédition par rail.